Jour 34 à 36 : Angkor, encore et encore !

Mardi 14 mars :

Lever aux aurores, comme prévu. Dès mon petit-déj avalé, le chauffeur de tuk-tuk est là. En route pour Angkor ! Il fait déjà chaud, mais une petite brise bien agréable fait du bien. Le soleil est déjà une superbe boule de feu orange au-dessus de l’est de Siem Reap, là où se trouve le site archéologique. La circulation est déjà extrêmement dense malgré l’heure matinale. Mais peu prennent la direction d’Angkor, c’est bon signe. Nous arrivons devant l’immense bâtiment pour acheter mon ticket. Des dizaines de guichets au fond, avec des guides files pour les files d’attente. Je suis seule, et seulement 3 guichets sont ouverts. J’ai tellement lu à propos de l’affluence qui fait que certains n’apprécient même pas Angkor, vu au milieu de la foule, avec un sens obligatoire de visite et interdiction de s’attarder, que je me prends à rêver d’y être seule. En 2 minutes mon billet 3 jours utilisable sur une semaine est acheté. J’avais lu qu’il coûtait 40 $, il est passé à 62 en début d’année. Sacrée augmentation !

Je remonte dans mon tuk-tuk, direction Angkor Wat, le plus célèbre et le plus grand des temples du site. Le soleil est déjà un peu haut, mais nimbe le paysage d’une sublime lumière. Très peu de monde prend la même direction que nous. Chouette ! Wim, le chauffeur du tuk-tuk se gare sur le parking face au site et me dit qu’il m’attend là. Les derniers mètres se parcourent à pied. Toujours très peu de monde. J’avance tranquillement en prenant le temps de regarder les singes, de les photographier.

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D’admirer les douves et les nénuphars.

 

J’approche de l’entrée et, là, je commence à croiser un flot continu de touristes : tous ceux qui étaient là plus tôt que moi et qui ont assisté au lever du soleil. En fait, Léa, la femme cambodgienne qui tient la guesthouse m’avait dit que partir à 6h c’était bien, mais c’est un poil trop tard, d’autant que j’avais mon billet à acheter. Tant pis. La bonne nouvelle c’est que la grande majorité des gens en repartent, et que le gros des visiteurs arrivera plus tard. C’est donc plutôt tranquillement, sans pression ni stress que je peux déambuler et admirer ce temple khmer. Le plus grand édifice religieux du monde ! Construit autour du XIème siècle – au même moment que Notre-Dame-De-Paris ou la cathédrale de Chartres. Véritable labyrinthe de couloirs, des bas-reliefs superbement conservés malgré une nature hostile partout. Son état de conservation exceptionnel, comparé aux autres temples du site, vient du fait qu’il a toujours été occupé par des moines et n’a donc jamais été abandonné et livré à la jungle.

 

Quand, à la fin de la visite, je retourne sur le parking retrouver mon tuk-tuk, grand moment de solitude : ils sont des dizaines, partout, tous plus ou moins semblables au premier coup d’œil. Heureusement, j’ai fait quelques photos au départ que je m’empresse de visionner pour noter des signes distinctifs au mien. Je tourne et retourne sous les gentilles moqueries de tous les chauffeurs qui sentent ma détresse. Je désespère : j’imagine que Wim est reparti, que je me suis faite arnaquée puisque j’ai payé d’avance… J’envisage déjà d’en prendre un nouveau pour continuer la journée. Quand, au fond, un peu à l’écart des autres, il me semble reconnaître les cheveux teints en auburn de Wim, dépassant à peine d’un hamac tendu à l’arrière du véhicule. Je m’approche ; en effet c’est bien lui. Il a un masque sur les yeux et dort profondément. Je le réveille doucement et en un éclair il est sur pieds, s’excusant platement et repliant son hamac. Prêt à repartir pour le temple suivant.

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Ainsi la journée se poursuit. J’ai choisi de faire le « grand tour », celui qui permet de visiter  les temples les plus éloignés. Je peux prendre mon temps, aller à mon rythme, il n’y  a pas grand monde. Je peux prendre des photos sans avoir à attendre que les hordes de japonais chinois aient fini de prendre leurs poses (on a l’impression qu’ils sont tous en shooting photo), j’en croiserai quelques-uns quand même.

C’est un émerveillement constant.

 

Et à chaque retour au tuk-tuk, je réveille Wim que je sais trouver toujours un peu en retrait des autres, à l’ombre. Il fait évidemment très chaud, la relative fraîcheur du petit matin a été de très courte durée, je suis en nage. La sueur coule de mon front et me brûle les yeux. La tunique en voile que je remets à chaque temple puisqu’il faut avoir les épaules couvertes est à tordre. C’est de plus en plus désagréable de l’enfiler mais impossible de rester en débardeur. Une chance, sous le siège du tuk-tuk il y a une glacière avec des bouteilles d’eau bien fraîche, c’est toujours ça.  J’ai prévu de quoi manger et entre deux temples je m’achète aussi des bananes ou un ananas. Evidemment tout épluché, coupé en 4 dans la hauteur et piqué sur des bâtonnets.

Et c’est ainsi que nous enchaînons 6 ou 7 temples, tous plus étonnants les uns que les autres, plus ou moins détruits, plus ou moins envahis par la nature. Certains hindous, d’autres bouddhistes. Tous différents. Pas mal de marche à pied sur chaque site, dans la forêt souvent, ou au bord de l’eau, beaucoup d’escaliers à monter et descendre, parfois avec des marches d’origine très hautes et très étroites, beaucoup de paliers à enjamber.

 

J’avais, comme tout le monde, entendu parler d’Angkor. Cela ne représentait rien de très concret pour moi, à part la silhouette qu’on en connaît. Je ne connais personne qui y soit allé et m’ait raconté, ou montré des photos. Je n’imaginais donc rien de précis. Mais avant de me documenter en prévision de ma visite, j’ignorais totalement la taille du site, qu’il y avait en fait des centaines de temples répartis sur des hectares. Qu’Angkor, capitale sociale politique et religieuse de l’Empire Khmer a été, à son apogée, l’une des cités les plus peuplées au monde avec plus d’un million d’habitants – quand Londres n’en comptait que 50000.

Quoiqu’il en soit, je suis bien contente d’avoir pris un billet pour 3 jours ; j’imagine la frustration que ça doit être de n’y passer qu’une journée et en voir une infime partie. Je ne regrette pas non plus de ne pas avoir pris de guide. J’avais envoyé des messages pour essayer d’organiser ça mais les tarifs m’ont refroidie. Je me contente du guide papier, et c’est très bien. Etant donné la densité du site, la chaleur, la fatigue qui s’accumule, je pense que j’aurais décroché. Et tant pis si je ne sais pas tout, si je n’ai pas toutes les explications, ça me va comme ça.

Je suis rincée quand je rentre à la Guesthouse, j’en ai plein les pattes (10km de marche au total, quand même !) mais plein la tête et plein les yeux aussi. Demain, je digère et me repose, et donne rendez-vous à Wim pour le surlendemain.

Mercredi 15 mars :

Journée tranquille à écrire, bouquiner, flâner (vous remarquerez que ça revient souvent quand même). En me baladant de l’autre côté de la ville, j’ai remarqué un hôtel avec piscine. Je prends mon maillot et tente le coup d’y aller ; qui ne tente rien n’a rien. J’y vais à l’intox en disant à la réceptionniste qu’un ami m’a dit qu’il était possible de venir à la piscine même sans être client. Avec un grand sourire, elle me répond qu’il n’y a pas de problème, que je dois juste m’acquitter d’un droit d’entrée de 3 dollars. Je passe donc une après-midi très agréable, à me prélasser, somnoler, lire, seule au bord d’une piscine, à l’ombre d’une belle végétation.

 

En fin de journée, un petit tour dans le temple du centre de Siem Reap, avec des représentations surprenantes, de mon point de vue d’occidentale…

 

Quand je rentre à la guesthouse et que Léa me demande ce que j’ai fait, elle est surprise que je lui réponde que je suis allée à la piscine. Elle me demande évidemment où. Elle connait l’hôtel mais ne savait pas qu’on pouvait aller juste s’y baigner.

Je redoutais un peu cette date, 15 mars, puisque c’est celle d’un anniversaire qui n’a plus l’écho qu’il a eu pendant presque 30 ans… Celle de notre anniversaire de mariage. Mais finalement ça a été, pas de coup de blues au tournant, j’ai géré.

Jeudi 16 mars :

Cette fois encore, c’est au petit matin que je pars pour ma 2ème journée à Angkor. Un peu plus tard que mardi toutefois puisque Bayon, le temple par lequel démarre le circuit d’aujourd’hui, n’ouvre qu’à 7h30. A 7h, nous sommes une petite poignée à en attendre l’ouverture et j’en profiter pour faire le tour à pied, et prendre de magnifiques photos. Lorsque j’arrive à l’autre entrée, du côté opposé, le gardien me demande d’où je viens. Je lui explique donc que j’ai fait le tour à plutôt qu’attendre de l’autre côté. Et, surprise : alors qu’il n’est que 7h20, il me dit que je peux entrer. Beau cadeau qu’il me fait là ! J’ai la chance inouïe d’être seule dans ce sublime temple pendant quelques minutes magiques. Dès l’entrée, je suis saisie par sa beauté. 54 tours, et, sur la face de chacune d’elle, un visage – toujours le même – doux, paisible, et souriant. Des dizaines de visages qui me sourient dans la lumière du soleil levant. Emerveillement total !

 

En haut, l’impression se confirme, et je sens même une bouffée d’émotion qui monte, saisie par la majesté du lieu. Véritable moment de grâce. Coup de cœur total pour ce temple incroyable, pourtant dû à la mégalomanie d’un homme ; le visage représenté étant celui d’un dieu qui ressemblait étrangement à l’Empereur qui en a ordonné sa construction…

 

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Je reste très très longtemps à Bayon, autant pour me repaître de cette vision magique, que pour observer la colonie de singes qui l’habite.

 

Cette fois, c’est à pied que je continue la visite, Wim m’ayant expliqué quelle direction prendre après Bayon, pour voir les autres temples qui constituent l’ensemble d’Angkor Thom, ancien palais royal. Il m’attendra de l’autre côté, à la fin du circuit. C’est donc à travers la jungle que je poursuis mon exploration. Quasiment seule, le gros des visiteurs n’arrivant pas avant 10h ou 10h30 – notamment les bus de japonais chinois (j’ai maintenant appris à différencier les japonais des chinois). En bande son, le chant des cigales, et le pépiement des oiseaux. Les arbres magnifiques ajoutent à la magie du lieu.

 

Les temples s’enchaînent. Souvent des embranchements, avec plusieurs itinéraires possibles à chaque fois, qui toujours mènent à des temples, tous différents, tous singuliers, mais toujours somptueusement ornés de bas-reliefs et statues.

 

Ta Prohm notamment, complètement enserré dans les racines d’arbres centenaires. Ici la nature a repris ses droits et renforce l’impression de décor sorti de l’imagination humaine. Je pourrais me prendre pour Indiana Jones – ou Lara Croft mais je serais encore moins crédible… Celui-là me plait beaucoup, tellement apaisant aussi ; comment ne pas se sentir en totale harmonie avec le monde quand la nature est en si parfaite communion avec ces vestiges qui ont traversé les siècles ?

 

A la fin du circuit, après avoir admiré une petite dizaine de temples, dont beaucoup en ruines, je débouche sur la Terrasse des éléphants, où je dois retrouver Wim. La terrasse surplombe la route d’accès au site d’Angkor, et je vois le défilé des bus et autres mini-vans qui déversent leurs flots de touristes. Je suis ravie d’avoir échappé à ça.

En tuk-tuk Simone, c’est Wim qui conduit… Et c’est reparti ! Une courte pause pour faire le plein du scooter sur le bord de la route.

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Encore une journée à enchaîner les temples. Finalement le « petit tour » est bien plus riche et plus copieux que le grand. Une belle journée où je me suis régalée.

Et en parlant de me régaler, je décide le soir d’aller dîner dans un endroit qui m’intrigue à chaque fois que je passe devant. Une sorte de grand » restaurant, ouvert, style cantine où il est affiché « BBQ buffet 5$ ». J’y arrive vers 20H, un peu tard pour les horaires cambodgiens. Il n’y a que quelques locaux, en famille, qui finissent leur repas. Je suis attablée devant un appareil, une sorte de réchaud à gaz sur lequel est placé un récipient, creux sur la couronne extérieure, et bombé et ajouré à l’intérieur. Il s’agit donc du fameux barbecue en question. A mi-chemin entre la fondue et la pierrade…

 

La serveuse verse du bouillon dans la partie creuse, et me dit d’aller me servir au buffet. Je choisis donc au hasard ce qui m’inspire, sans savoir ce que c’est. J’identifie quand même le poulpe, les coques, viande de poulet, bœuf, foie… mais pas les autres viandes marinées ou les sortes de saucisses. J’utilise une assiette pour mettre dedans ce que je prends mais elle me dit que ce sont les petits bols que je dois remplir. Quand je ramène tout à ma place, avec les baguettes, elle place les morceaux de viande au milieu, ils vont griller. Et les coques, les légumes, les saucisses dans le bouillon. Je dois aller me servir en sauces aussi mais je suis plus hésitante. Je demande lesquelles sont no spicy quand même avant…

C’est un délice qui termine admirablement une journée où en plus, pendant ma sieste au retour d’Angkor, une idée a germé pour la suite. C’est après avoir vu sur Facebook une publication de Chloé, amie proche d’Adrien, baroudeuse, et qui avait elle-même passé du temps au Cambodge il y a 2 ans, qu’elle me trotte dans la tête. J’ai donc envoyé quelques messages, et… surprise ! J’en saurai plus samedi et vous aussi. Je vais surement changer mes plans, un peu de patience, je vous dirai tout en temps voulu.

7 commentaires sur « Jour 34 à 36 : Angkor, encore et encore ! »

  1. Ces visages dans la pierre sont vraiment magnifiques et j’imagine comme ils doivent être émouvants quand on on les voit « en vrai »……Je ne sais pas, Catherine, si mes commentaires sur le blog passent, maintenant que nous avons changé d’ordi ou pas?

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  2. Mince !! Pour la première fois j’ai l’impression que j’arrive à poster un commentaire, génial, vive les ordis neufs !! T’ai-je dit que Serge avait été opéré de deux hernies au ventre il y a deux semaines? Il est encore en convalescence, bien qu’il ait repris le boulot au bout de quatre jours et c’est plus long qu’il pensait, pas très marrant quoi ! Sinon le printemps arrive, comme je te le disais sur facebook, plein de jonquilles dans le jardin, et les manteaux qu’on peut remiser de temps en temps…Cool….Et j’adore te lire !

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