Jour 139 : Vis ma vie de voyageuse en bus…

Dimanche 25 juin : 

Mon périple aujourd’hui démarre de façon tellement… vietnamienne ! que je décide de le raconter en direct au fur et à mesure du voyage.

Je vous propose donc de m’accompagner pour un trajet Hué / Vientiane de 19 heures annoncées, dans un sleeping bus…

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Allez,  montez, ça vaut le coup !

7h30 : J’ai rdv à l’agence de voyage pour un départ à 8h. Quand j’arrive on me dit que le départ sera entre 8h et 8h50… bon début.

8h30 : Un taxi s’arrête et on m’informe qu’il va me conduire jusqu’au bus. Quelques kilomètres plus loin, arrêt au bord de la route : le bus va passer par ici et nous devons l’attendre. Effectivement 10 minutes plus tard il est là. Sleeping bus : comme d’habitude je me déchausse et vais m’installer sur un siège couchette libre.

IMG_8068Ce qui n’est pas comme d’habitude c’est l’intérieur du bus : il y a bien quelques passagers quand même, mais surtout des colis, des sacs de riz, des paquets. Partout !

Déjà, j’avais vu que le toit du bus était bien chargé, j’imagine que les soutes sont déjà pleines aussi. Les 2 allées du bus entre les sièges sont elles couvertes d’énormes sacs de 60 kgs de riz, sur lesquels on a posé des matelas mousses pour pouvoir marcher dessus afin d’accéder aux sièges. L’avantage c’est que cette fois mon sac à dos est protégé, et ne voyagera pas en soute, posé sur un scooter couché, comme la dernière fois (je l’avais récupéré plein de graisse).

Le bus part et s’arrête régulièrement pour charger 3 ou 4 passagers, et, surtout, encore des colis. Notamment une trentaine de bidons qui, si j’en juge à l’effort fourni par ceux qui les portent, doivent bien peser une vingtaine de kgs chacun, et sont tendus à bout de bras jusqu’au type qui les réceptionne et les hisse sur le toit. Une dizaine de gros cartons viennent eux prendre place sur les sièges à l’arrière du bus.

IMG_8084On pourrait croire que le bus est maintenant plein ; pas du tout ! On s’arrête encore 2 fois pour charger de la marchandise. Ce sont alors des scooters lourdement chargés qui arrivent les uns après les autres pour transfert de leurs colis dans le bus.

Puis une camionnette. C’est une vrai fourmilière qui s’active autour du bus. Quant aux soutes que je croyais pleines, elles étaient en fait réservées à d’énormes colis que les gars doivent porter à 4 ou 5.

Je pense aux copains qui travaillent encore dans le transport en France, je pense qu’on devrait se pencher sur les opportunités qu’offrent les bus Macron !

Mais tout ça est assez logique finalement ; quand on voit ce qu’ils arrivent à transporter sur les vélos ou scooters, le bus ont des possibilités quasi-illimitées.

Alors, surtout, dans ces circonstances,  ne pas penser au poids chargé dans ce bus et sa capacité de freinage en cas d’urgence ! Ne pas y penser, ne pas y penser… Finalement c’est (un peu) rassurant de se dire qu’ils roulent rarement à plus de 50 ou 60 km/h. C’est toujours ça !

9h30 : Déjà plus d’une heure que nous sommes partis et nous avons fait… 5 km ! Je comprends pourquoi on m’a annoncé 19 heures de trajet mais que certains témoignages parlent de 24 heures !
9h50 : nous semblons enfin réellement prendre la route.
Eh non ! C’était sans compter sur les policiers postés quelques mètres plus loin qui arrêtent le bus. Un passeport généreusement garni de billets à visiblement suffi à nous permettre de repartir.
(le Vietnam, comme le Cambodge et beaucoup de pays de cette zone sont extrêmement corrompus. Il suffit de payer pour être policier et leur revenus sont triplés par les bakchichs. D’une manière générale tous les fonctionnaires ont des trains de vie nettement supérieurs à la moyenne grace à la corruption)

Mes espoirs sont vite déçus, on s’arrête encore cette fois pour acheter des sangles et des bâches pour arrimer les colis sur le toit.

10h10 : 2ème arrêt par la police. Même « procédure »
10h25 : au moment même où j’allais écrire que cette fois semblait la bonne, nouveau stop pour un mini-chargement cette fois.
10h32 : 2mn d’arrêt et nous repartons sans que rien ni personne ne soit monté ni descendu ???

Redémarrage à 20km/h pour nous arrêter 4 mn plus tard… sans que je sache pourquoi cette fois encore.

11h09 : je crois que j’ai compris, on s’arrête juste au cas où quelqu’un veuille monter, et cette fois c’est le cas. 3 passagers embarquent.
11h34 : et un petit colis de plus !
12h00: on a laissé la plaine, les rizières, les plantations de manioc et les champs de lotus, pour la montagne. C’est superbe mais le bus qui penche sacrément dans les virages m’inquiète un peu, et m’empêche de profiter pleinement du paysage.

Le bus ahane maintenant à 15km/h dans la montée. Encore un effort et le col est franchi : ouf !

12h40 : une femme court après le bus qui ralentit à peine en ouvrant ses portes pour la laisser monter. J’imagine que c’est une passagère, même si je suis surprise qu’elle n’ait pas de bagage. Elle circule alors dans le bus, et nous propose alors d’échanger nos derniers dôngs contre des kips laotiens (à un taux pas du tout intéressant évidemment mais je sais qu’il n’y aura pas d’autres occasions, alors je me débarrasse de mes derniers billets vietnamiens.)
Par contre, elle annonce un taux plus convenable pour l’échange de dollars américains. Je décide donc d’en profiter pour acheter pour 10 dollars de kips puisqu’elle m’annonce un taux de change à 8000 kips pour un dollar. Pourtant elle ne me donne que 70000 kips et certifiant qu’elle a dit 7000. Elle fait le coup à d’autres et, quand je l’entends dire à un autre passager 8000 kips le dollar, je réagis aussitôt. Là elle prétend qu’elle s’est trompée et annonce alors 7000… Bref, je me dis que c’est normalement la dernière petite arnaque à la vietnamienne.
Puis quelques minutes plus tard, le bus s’arrête et on nous dit de descendre avec nos passeports : il semble que nous soyons déjà arrivés à la frontière. D’abord nous déjeunons dans la seule cantine-restaurant. Menu unique, pas bon, desséché, et très épicé pour tous.
Puis nous comprenons que nous devons marcher jusqu’au poste frontière. Je suis accompagnée d’un jeune néo-zélandais et d’une femme un peu plus âgée que moi, anglaise d’origine japonaise, qui voyage seule et semble un peu perdue.

IMG_8111Après avoir traversé des bureaux quasiment vide où, à chaque fois, on nous dit d’aller plus loin. Nous voilà enfin au bureau de sortie du Vietnam. Un peu agressivement, on me dit que mon visa ne m’autorisera pas à repasser la frontière dans l’autre sens pour revenir au Vietnam. Je le sais puisque j’avais pris un visa à entrée unique. Et il n’est pas dans mes projets de repasser par là. Puis je me dirige au bureau des visas à l’arrivée pour le Laos. Enfin des gens gentils et souriants : ça change ! Un des employés nous aide même à remplir la paperasse. Lorsque je me présente au guichet avec les documents remplis, mon passeport, et une photo d’identité, on me réclame 40$. Je suis surprise car j’ai lu que c’était 30, avec éventuellement un petit supplément les week-end. Je dis alors que ça devrait être 30. Du coup on me demande 35… c’est toujours ça, on dira que les 5$ sont le supplément du dimanche.
Mon visa est collé dans mon passeport. Passage rapide à l’immigration pour avoir le précieux coup de tampon qui fait de moi une touriste et non pas une clandestine : je suis autorisée à rester un mois au Laos (mais mon idée est seulement d’y passer 2 semaines le temps de traverser tranquillement le nord du pays pour rejoindre le Nord de la Thaïlande)

Une fois tout le monde prêt à remonter à bord, notre bus traverse à son tour la frontière et nous récupère.

IMG_8108Dans l’allée centrale, des nouveaux sacs de cacahouètes ont été empilés par-dessus ceux de riz.  L’allée centrale est maintenant à 60cm du sol.

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15h03 : Nous repartons enfin.
15h07 : le bus s’arrête. Problème d’arrimage sur le toit vite réglé…

Depuis notre départ ce matin, il y a donc 6 heures, nous avons parcouru 153 km… il en reste plus de 600 !

15h40 : un poste de contrôle. Un policier (ou un douanier ?) monte dans le bus. Nous sommes seulement 3 à devoir présenter nos passeports. Tout est en ordre et il semble satisfait, nous repartons. Contrôle aléatoire sans doute…

On voit nettement le changement de pays en observant les maisons. Elles sont en bois ou en feuilles de palme tressées, sur pilotis. Toujours de la montagne et des bananiers à perte de vue. Les villages sont très jolis, nichés dans la verdure. Puis, de nouveau des rizières illuminent le décor de leur beau vert vif.

Pendant quelques kilomètres le bus s’improvise véhicule tout terrain : la route est en construction, et c’est en slalomant entre les trous et les bosses, à 10km/h dans un bus qui tangue dangereusement, que nous progressons difficilement.

17h20 : bref arrêt pour charger de nouveaux passagers.

Un des chauffeurs en profite alors pour vider la poubelle du bus : C’est facile, il suffit de tout jeter par terre comme le font tous les bus qui s’arrêtent ici à en juger par l’état du bord de la route !

IMG_8149Je ne m’y fais pas.

18h15 : arrêt pour dîner. Moi qui ne me suis toujours pas mise à l’heure asiatique, pas le choix sinon je devrais me contenter du paquet de biscuits que j’ai acheté hier. Ça sera donc un phó sensé me faire tenir jusqu’à demain matin.
18h38 : nous repartons sous un superbe coucher de soleil.

Si seulement ils pouvaient ne pas rallumer la télé ou au moins baisser le son. Je n’en peux plus de cette pop vietnamienne qui nous vrille les oreilles depuis le départ de Hue…
Mes espoirs sont un peu satisfaits puisque c’est un film qui est maintenant diffusé avec le volume sonore à un niveau plus convenable.

19h30 : incroyable ! Nous roulons depuis presque une heure à une vitesse à peu près constante de 60km/h.

Il fait maintenant nuit noire. Je suis frappée de voir qu’il n’y a strictement aucun éclairage public dans les villages que nous traversons. Seuls les néons des maisons sont allumés… et les postes de TV dont on perçoit la lueur bleuté depuis la route.

21h15 : j’ai dormi une heure et demie mais je viens de craquer et j’ai été demander à l’avant de baisser un peu le volume de la musique. On était passé aux chansons d’amour, mais, même avec les bouchons d’oreille, j’ai été réveillée. Ils ont compris du premier coup, victoire ! (Je ne crois pas avoir précisé que personne ne parle anglais dans le bus)
4h10 : j’ai finalement pas mal dormi, avec de nombreux réveils et les membres enkylosés, mais je me sens reposée. Je regarde mon plan : nous sommes pratiquement arrivés !
4h22 : nous voilà à la gare routière de Vientiane, à une dizaine de km du centre ville. Un tuk-tuk collectif est là, prêt à nous conduire dans le centre. Il faut juste attendre que nos sacs soient descendus. Je récupère très vite mon sac à dos, mais mon petit sac est lui introuvable. Je dois attendre 20 bonnes minutes avant qu’il soit déniché entre 2 sacs d’arachides.

Je demande au chauffeur du tuk-tuk s’il peut d’abord me déposer à un ATM puisque je n’ai plus assez de kips pour le payer. Puis,  je lui montre le nom et l’adresse de l’hostel que j’ai réservé. Problème : il ne sait pas lire nos caractères (un avantage du Vietnam, c’est que l’alphabet et les lettres sont les mêmes que les nôtres – avec des accents partout en plus.) Je prononce donc du mieux que je peux le nom de l’hostel et de la rue, et on dirait qu’il comprend. Je le guide sur les derniers mètres mais je suis déposée précisément au pied de mon hostel.

5h20 : Hélas à cette heure plus que matinale, il est encore fermé. Mais j’ai de la chance, la jeune fille du restaurant voisin prépare l’ouverture. Je lui demande donc si je peux patienter là. Elle a compris puisqu’elle m’offre une chaise et j’en profite alors pour écrire ces quelques dernières lignes.

Ma nouvelle aventure au Laos peut commencer…

(pas de photos pour l’instant, connexion très mauvaise…)

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