Jour 198 à 200 : Arrivée en Terres Australes

Vendredi 18 août :

Petite frayeur hier soir au check-in, quand l’employée d’ Air Asia s’est assurée que j’avais bien un visa de tourisme pour l’Australie et que, visiblement, elle ne me trouvait pas sur ses listes. Coups de fils, visite du superviseur… Attente. On me demande si j’ai un autre passeport… Non. Je commence à sérieusement m’inquiéter en voyant les minutes passer sans que la situation évolue. Je sors alors la copie que j’ai faite du dit visa pour m’apercevoir que je l’ai fait au nom de Blondel alors que sur mon passeport je suis Levieux ép Blondel. Je le signale, et, miracle, au même moment, le document a été retrouvé. Ouf, je peux être enregistrée et embarquer.

5h30 du matin, après 7 heures de vol et une courte escale à  Kuala Lumpur où j’ai tout juste eu le temps d’aller aux toilettes, passer les contrôles, et parcourir les couloirs jusqu’à ma salle d’embarquement, j’atterris à Perth, au Sud-Ouest de l’Australie. C’est dans cette région qu’Adrien vit depuis décembre.

Je passe l’immigration – sans même un petit tampon sur mon passeport,  récupère mes bagages, passe la douane où un chien renifleur inspecte nos bagages alors que nous sommes par groupe d’une dizaine de voyageurs, à la queue leu leu.

Puis je vais au guichet de l’agence auprès de laquelle j’ai loué une voiture pour ces 11 jours autour de Perth. L’employée est charmante et je suis ravie de constater que je comprends tout ce qu’elle me dit : elle n’a pas trop d’accent et prend soin de parler lentement. Elle m’explique où se trouve ma voiture et m´en donne les clés. Je sors de l’aéroport et premier constat : il fait très froid. Après 6 mois où il n’a jamais fait moins de 22° (et encore uniquement quand j’étais à Dalat ou Sapa, dans les montagnes au Vietnam), il fait 9° ce matin. C’est encore l’hiver. Bonjour le choc thermique !

Je trouve ma petite Toyota, range mon sac, m’installe au volant, mets le contact et me prépare à quitter l’aéroport. Problème : c’est une voiture automatique et je n’en ai jamais conduit. Si j’en connais à peu près le principe, je n’ai aucune idée des fonctions du levier de vitesse : Les inscriptions P R D 1 2 ne m’évoquent rien ! Je coupe donc le contact, sors le livret technique de la boîte à gants, et lis le chapitre : comment démarrer et rouler !

Après ça je vais devoir rouler une trentaine de kilomètres pour aller jusqu’à Fremantle, où j’ai rendez-vous avec Adrien qui doit me rejoindre ce soir après sa journée de travail – nous devons y passer le week-end. En roulant à gauche évidemment ! Tout ça après une nuit blanche et sans avoir conduit du tout depuis 6 mois…

Tout se passe plutôt bien, à part les 2 ou 3 premiers freinages où j’ai le réflexe de vouloir embrayer, mais où, à la place, j’appuie violemment sur le frein avec le pied gauche puisqu’il n’y a évidemment pas de pédale d’embrayage. L’arrêt est brusque et je me fais klaxonner par le conducteur qui me suit et n’apprécie pas. Je dois me mettre dans la tête que mon pied gauche ne doit pas bouger ; il n’a rien à faire ! Heureusement ça vient vite.

Le trajet se passe très bien, la circulation est fluide à cette heure matinale, les routes larges… J’arrive sans problème à Fremantle, et à l’auberge de jeunesse où j’ai réservé une chambre pour Adrien et moi. Sans le savoir, il s’agit de l’auberge dans laquelle il a passé ses premières semaines avant d’acheter son van.

La petite ville est très tranquille et agréable, en bord de mer. Très bon endroit pour passer le week-end. Le soleil est là, même s’il fait plutôt froid.

IMG_9429Il est trop tôt et l’auberge n’est pas encore ouverte ; je dois attendre 8h. Je repars donc avec ma voiture faire le tour de la ville et voir la mer. Je suis fatiguée et j’ai faim.

A 8h je reviens. J’ai de la chance ; le check-in est sensé être à partir de 13h, mais la chambre étant disponible, on me donne les clés. C’est en fait un dortoir prévu pour 4 personnes (ou même 5, il y a un lit double) qui nous est réservé. Je m’installe, et, réflexe depuis la Thaïlande, je vais jusqu’au 7/Eleven que j’ai vu un peu plus loin pour acheter de quoi me préparer un petit déjeuner. Les prix me rappellent bien que je ne suis plus en Thaïlande ! Leçon n° 1 : ne pas aller dans les 7/eleven en Australie – sauf pour boire un bon café pas cher – sinon c’est 2 fois plus cher qu’un supermarché.

L’auberge de jeunesse n’a rien à voir avec celles de l’Asie (ou même en Irlande où j’en ai testé plusieurs). C’est immense ! 3 étages, une dizaine de dortoirs par étage. Sur chaque palier un espace commun avec Tv et canapés. Une grande cuisine avec un mur complet de réfrigérateurs, et des casiers pour ranger l’épicerie sèche.

Ce qui me surprend aussi c’est la simplicité de la chambre et le mauvais état général. Je m’étais habituée aux prises électriques pour chaque lit, aux petites lumières individuelles, aux lits déjà faits, aux draps de bains à disposition… Ici rien de tout ça, et en plus il fait très froid dans la chambre ; j’apprendrai vite qu’en Australie,  l’hiver, il fait froid dans toutes les maisons. Elles ne sont pas du tout isolées, et n’ont pas de chauffage central. Quant aux fenêtres, elles ne sont absolument pas étanches.

Tout ça pour 4 fois plus cher que ce je payais en Asie.

Mon petit-déjeuner avalé, je vais me reposer quelques heures avant de profiter du soleil généreux pour me promener dans la ville et jusqu’à la mer.

Comme prévu, après sa journée de travail, Adrien me rejoint vers 19h. Quel bonheur de le retrouver et le serrer dans mes bras !

Nous partons dîner d’un hamburger dans un petit restaurant qu’il connait. Nous passons commande au comptoir en arrivant, on nous remet un petit panneau avec un numéro dessus, que nous devons placer en évidence sur notre table. Ainsi, quand la commande est prête, le serveur sait à quelle table l’apporter.

Plein de choses à nous raconter évidemment. 8 mois que nous ne nous sommes pas vus !

Samedi 19 août:

Après une bonne nuit réparatrice, un gros petit-déjeuner, au programme d’aujourd’hui : rien de spécial ! Seulement nous balader et bavarder.

Nous allons jusqu’au parc où je suis impressionnée par la cacophonie des dizaines de perroquets blancs qui s’ébattent ici.

Le soleil est bon et c’est bien agréable. Adrien me dit que j’ai beaucoup de chance puisque ces dernières semaines ont été particulièrement pluvieuses et froides.

En fin d’après-midi, la pluie fait son retour. Nous faisons quelques courses et un apéro dinatoire fait l’affaire pour notre repas.

Dimanche 20 août:

Le choc thermique a sévi : je commence à être enrhumée, pas vraiment étonnant tellement j’ai froid depuis mon arrivée…

En fin de matinée, nous remballons nos affaires et rendons la chambre. Je vais chercher la voiture garée plus loin – sur un stationnement gratuit, chose rare – pour y déposer nos bagages. Nous allons la redéposer puis nous retrouvons Luce, une amie française d’Adrien, qu’il a rencontrée là où il travaille, et venue à Freemantle pour la journée aussi.

J’apprécie l’ambiance très détendue de la ville, il fait bon s’y promener. Une vraie impression de vacances.  Même si le soleil est bien présent, les températures ne sont quand même pas très élevées et je suis étonnée de voir nombre d’australiens en short, débardeur et tongs.

Nous allons au marché couvert nous acheter à manger. Rien à voir avec les marchés dont j’ai pris l’habitude ces 6 derniers mois. Ni au niveau de l’ambiance, ni des prix évidemment. Seule la foule qui s’y presse pourrait être un point commun.

Nous allons manger sur la plage, en achetant au passage thé et cafés…

Nous décidons de prendre sans trop tarder la route pour Gingin, là où je vais loger, et de nous arrêter en route pour faire le plein de courses pour mes 9 jours de séjour.

En roulant, un bruit inquiétant sur le van d’Adrien l’oblige à s’arrêter. Il s’aperçoit alors que ça vient de l’une de ses roues avant en train de se dévisser ! Arrêt mécanique obligatoire pour resserrer tout ça.

Nous voilà arrivés au supermarché : je dois décider maintenant ce que je vais manger pendant les 9 jours à venir ! 6 mois que je n’ai pas eu à gérer ce genre de corvée, et surtout que je n’ai pas mis les pieds dans un tel endroit. Je commence à remplir mon caddie sans conviction, me sentant oppressée par cet environnement. C’est au moment de choisir un paquet de biscuits, que le drame arrive : au milieu du rayon, face aux dizaines de produits, je sens monter l’angoisse. Adrien me rejoint, je veux lui expliquer que je ne sais pas quoi prendre et… je m’effondre en larmes ! Qu’est-ce que je fais là ? pourquoi les choses ne sont-elles pas aussi simples qu’en Asie où il suffit d’avoir faim pour descendre dans la rue et avoir le choix entre plats tout préparés et chauds, où échoppe où on peut acheter ce dont on a besoin tous les 20 mètres ? Je n’ai pas envie de décider aujourd’hui ce que je vais manger dans 3 jours ! Je n’ai aucune idée de quoi j’ai besoin…

Il me console d’un : « bienvenue dans le monde capitaliste ! »

Je ne peux pas dire que j’avais oublié que c’était ça de faire des courses, mais je n’avais pas imaginé que ça me ferait un tel effet ! On va mettre ça sur le compte de la fatigue…

Nous terminons au plus vite cette corvée avant de reprendre la route.

Après avoir passé Perth et sa circulation un peu dense en ce dimanche soir, je comprends ce qu’est le bush : nous roulons des kilomètres, sur des lignes droites avec pour seul décor de chaque côté de la route, des arbustes, quelques prairies de temps en temps, des palmiers, des hautes herbes… Mais pas une maison, pas un village, pas même une station-service.

Nous avons décidé de passer d’abord là où Adrien vit pour y déposer son van, et aller ensuite ensemble voir la maison où je vais louer une chambre. Nous quittons donc la route principale. Au bout de quelques kilomètres, la route fait place à de la piste non bitumée. La nuit est quasiment tombée, et je ne vois aucun point de repère autour de moi. Nous bifurquons vers les vergers et arrivons à son campement : je n’en vois pas grand-chose, si ce n’est que c’est au milieu du bush, sur l’exploitation où il travaille comme cueilleur d’oranges et citrons. Il n’y a rien d’autres que les vestiges du feu de bois qu’il y fait chaque soir avec une énorme souche amenée là par son patron.

Nous ne nous attardons pas et reprenons ma voiture ensemble pour aller jusqu’à Gingin. En sortant du verger, j’ai le grand bonheur de voir mes premiers kangourous ; 4 spécimens, 2 gros et 2 petits surgissent en file indienne du verger pour traverser le chemin juste devant nous ! Je comprends pourquoi il faut redoubler de prudence quand on roule la nuit en Australie.

20 minutes de route, sur de longues lignes droites, et nous arrivons à l’adresse indiquée par le propriétaire des lieux. C’est un collègue d’Adrien qui lui a parlé de cette maison dont le propriétaire loue une chambre, justement libre en ce moment.IMG_9540Nous sommes accueillis par son frère, Shanon, qui vit aussi ici. La maison est grande et ma chambre parfaite, avec une salle de bain privée attenante. Je peux utiliser la cuisine à ma convenance. Ça sera parfait pour ces 9 jours.

Je me sens très fatiguée et pas le courage de raccompagner Adrien comme nous l’avions prévu. Je lui propose donc de garder ma voiture et de revenir demain après son travail. De toute façon je n’ai pas l’intention de rouler, mais juste de me promener à pied dans les environs.

Je vais me coucher frigorifiée. Il doit faire 16° dans la maison. Il y a un minuscule convecteur électrique dans ma chambre qui ne chauffe rien, la salle de bain est glaciale, et je sens le courant d’air venant de l’immense fenêtre… Heureusement que j’ai anticipé et demandé une couverture supplémentaire à Shanon. J’avais oublié quel effet ça fait d’avoir froid dans un lit.

Lundi 21 août :

J’ai passé une nuit affreuse, avec de la fièvre. J’ai réussi à dormir un peu mieux sur le matin mais je suis incapable d’émerger réellement et sortir du lit avant midi. J’ai un rhume carabiné, et je me sens vraiment très vaseuse. J’ai mal à la tête, le nez bouché, très mal à la gorge.

Un petit déjeuner, une dose de paracétamol, et une longue douche bien chaude plus tard, je repends forme humaine. Comme je l’avais prévu, je pars me promener à pied. Gingin est une minuscule ville, mais la seule à 25 km à la ronde. Une école, un bureau de poste, un club de sport, un médecin, un boucher et une supérette, un hôtel-restaurant et un bar-restaurant ouvert jusqu’à 16h, et une minuscule église en bois  (je me croirais dans la petite maison dans la prairie…)

IMG_9453  et c’est tout ! ça résume parfaitement le Western Australia (Australie occidentale), le plus grand des 6 états australiens, couvrant quasiment un tiers de l’ouest du pays, mais seulement 10% de la population ; 1 habitant au km2… on ne s’y bouscule pas ! Je croise sont tous des sosies de Crocodile Dundee…

Ceci dit la petite ville est vraiment plaisante et paisible.

Je me régale aussi en observant les oiseaux variés sur mon chemin : martin pêcheur, perroquets, pies

et même un kookabura, qu’on voit habituellement plus qu’on ne l’entend, reconnaissable avec son cri qui oscille entre ricanement et cri d’un singe…

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Même s’il ne débutera officiellement que le 1er septembre, on sent le printemps ; l’air embaume le mimosa, fleuri partout. IMG_9443Dans les jardins, des orangers et des citronniers pleins de fruits. Des buissons fleuris que je ne connais pas. Des arbres fruitiers en fleur.

La campagne ici est superbe. Au cœur du village, un immense parc avec une rivière qui le traverse. Cadre on ne peut plus bucolique.

Avant de rentrer, je fais quelques courses complémentaires à la supérette. Adrien m’avait averti des prix prohibitifs : je découvre à la caisse que le prix affiché des poireaux, des oignons ou des carottes est un prix à l’unité par exemple… Affolant, et il n’y a aucun autre magasin à moins de 30 km !

En fin de journée, comme convenu, Adrien me rejoint avec ma voiture. Je prépare une soupe de légumes adaptée aux températures et à mon état fébrile et nous décidons de repartir ensemble sur son campement pour la manger. J’ai hâte de découvrir les lieux de jour. Le long du trajet j’essaie de prendre des points de repère pour pouvoir y retourner seule.

Comme je l’imaginais, il n’y a rien d’autre que des orangers et le bush autour de son van, installé au pied d’un magnifique arbre. Particularité de cette variété : son écorce est tranchante comme une lame, pas un arbre à câlins !

Adrien rallume son feu, nous y réchauffons la soupe et passons la soirée à papoter devant sa douce chaleur bienfaisante. Je me sens vraiment bien mais je ne tarde pas à rentrer, pour rattraper la nuit dernière.

je parcours les 25 kilomètres sans croiser une seule voiture. et Gingin, à 21h30 semble déjà profondément endormie…

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