Jour 220 à 223 : Décors de films

Je ne sais pas comment continuer ce journal ; raconter mes journées en Nouvelle-Zélande n’est pas facile et pas très intéressant finalement, parce que le déroulement des journées est toujours un peu le même.

Ce qui change c’est le décor devant lequel je m’extasie chaque jour.

Pas d’aventures, pas vraiment de décision à prendre puisque je me laisse mener par le bus. Pas d’hébergements à trouver…
Une petite frustration même de me sentir un peu passive, moins impliquée dans le voyage. J’avoue même parfois ne pas vraiment savoir où nous allons, et ne pas m’être documentée avant. Peut-être aussi une certaine fatigue du voyage après 7 mois, qui fait que je me laisse porter…
Du coup je me sens vraiment touriste, moins voyageuse. La différence est peut-être subtile et subjective, mais je la ressens ainsi.
Je suis plus spectatrice qu’actrice. Je regarde, j’admire, je prends des photos, je vais marcher là où on me dit qu’il faut aller, je vais voir ce qu’on me dit d’aller voir. Et différence notoire avec les 7 mois précédents : je suis rarement seule, mais la plupart du temps avec un groupe. Parfois la petite marche, jusqu’à un point de vue exceptionnel par exemple,  en « troupeau », me pèse un peu. Pas dans mes habitudes et mes goûts…
Heureusement, lors des journées « libres », je retrouve le plaisir d’avoir à décider ce que je fais de ma journée, à mon rythme, et seule.

Pas vraiment de rencontres à raconter non plus, hormis les rencontres avec les autres voyageurs Straybus, évidemment. Peu de vrais échanges avec des locaux dans ce contexte, si ce n’est notre chauffeur, les commerçants où nous faisons nos achats, ou les propriétaires d’auberges… Ça reste assez limité et un peu frustrant aussi. Même si ça n’empêche pas de constater à quel point ils sont avenants et sympathiques. Ils engagent très facilement la conversation, et n’importe où où vous arrivez, après le « bonjour ! », suit immanquablement « Hey, how are you today ? » (Comment allez-vous aujourd’hui ?). J’avoue être un peu surprise les premières fois venant de gens que je n’ai jamais vus. Je me demande même si c’est juste formel, ou si ça appelle une réponse. En observant autour de moi, je constate que la réponse est attendue, et la plupart du temps le point de départ d’une conversation…

Dans le bus, l’ambiance est chouette. Notre chauffeur Leftie, un gros nounours bourru, moqueur, pince-sans-rire, fait des blagues (bon d’accord, je ne les comprends pas toutes), raconte des histoires et des légendes, connaît parfaitement les endroits que nous traversons et les anecdotes qui y sont liées…

Un bon état d’esprit général. Un noyau d’une bonne quinzaine de personnes reste le même, avec des petites variations quand les uns s’arrêtent à un endroit alors que des nouveaux nous rejoignent.
Une majorité de filles. Beaucoup de britanniques (dont Lisa, une écossaise incroyable d’énergie et de bonne humeur), plusieurs hollandaises, 3 ou 4 américains, 3 allemandes, une espagnole, 3 suédoises,  une italienne, une malaisienne et une autre française, qui vit à Tahiti…
Je m’entends particulièrement bien avec Sylvia, milanaise, plus âgée que les autres aussi puisqu’elle a 44 ans, avec Alicia, de Kuala Lumpur, qui a 40 ans. Elle voyage seule pour la première fois : elle avait un séminaire de travail à Auckland, et a donc voulu en profiter pour visiter l’île du Nord. Elle est mariée et son mari lui manque. Elle devient vite la mascotte du groupe avec ses réflexions drôles typiquement asiatiques qui commencent souvent par « why you, western guys are so… ? » (Pourquoi vous les occidentaux êtes-vous tellement… ?). Elle s’étonne de tout, est très spontanée. C’est une citadine qui n’aime pas la campagne. Autant dire que la Nouvelle-Zélande n’est pas pour elle ! Elle veut faire du shopping, manger au restaurant (faire des courses pour préparer un repas lui pèse, elle ne le fait jamais chez elle). Elle n’aime pas marcher. Mais tout ça est toujours dit d’une façon si drôle ! Je vous laisse imaginer sa réaction quand on se retrouve à passer 2 jours dans une ferme de moutons, en pleine montagne, à l’écart de tout…
Je m’entends bien aussi avec Diana hollandaise d’une trentaine d’années, Sandra, une jeune pâtissière hollandaise elle aussi, et Colleen, américaine. J’aime beaucoup Winnie, encore une hollandaise, surdouée qui va bientôt démarrer un doctorat à 22 ans, curieuse – au bon sens du terme – et très attachante. Tommy, anglais, est adorable lui aussi et toujours attentif à tous. Je m’amuse d’ailleurs à voir qu’il devient vite le chouchou de ses demoiselles sans même sembler s’en rendre compte.

Bref une joyeuse jeune équipe, jeune et décontractée. Beaucoup sont là pour un Whv d’un an (working holiday visa – visa travail loisirs) et commencent par un tour du pays avant de décider où ils ont envie de s’arrêter quelques mois pour travailler. Quelques autres sont comme moi, en étape sur un long voyage, plusieurs sont en Whv en Australie et prennent une pause pour découvrir la Nouvelle-Zélande, enfin quelques-uns viennent de terminer leurs parcours d’études et voyagent avant d’entrer dans la vie active. Une minorité travaille et est juste en vacances.

Un rituel quasi-immuable : départ en bus le matin, souvent de bonne heure. Sauf les jours où nous passons 2 nuits au même endroit.
Ensuite : en prendre plein les yeux ! Envie de faire arrêter le bus tous les kilomètres tellement les paysages sont incroyables.
Tout le monde s’accorde à dire que l’île du Sud est plus belle encore que celle du Nord. Je trouve déjà le Nord magnifique alors qu’est-ce que ça va être dans le Sud ?

1er arrêt au bout d’une petite heure : pause pipi – à ce sujet, comme en Australie – il y a des WC publics absolument partout : dans les villes, dans les villages, sur les plages, sur les chemin de randonnées. Toujours extrêmement propres, avec du papier, du gel désinfectant pour la lunette, une poubelle propre. Des lavabos avec savon et essuie-mains. Très appréciable.
Et pause café/petit-déjeuner aussi. Ce premier arrêt est très attendu par tous.

Ensuite arrêts photos, visites, petites marches selon la météo – souvent capricieuse il faut le préciser. Je n’ai certes pas choisi la meilleure époque pour venir ici, mais de toute façon, il y a des indices qui ne trompent pas : la Nouvelle-Zélande est très, très verte…

Puis aux alentours de 12:30, arrêt déjeuner. Toujours la possibilité de manger dans des cafés, bakeries, fast foods, ou d’avoir son propre pique-nique et s’installer dans un parc ou sur une terrasse. Nous sommes aussi autorisés à manger dans le bus.

Enfin fin de l’étape vers 16 ou 17 heures la plupart du temps, avec des arrêts réguliers entre-temps.

C’est alors l’installation dans notre auberge de jeunesse, ou lodge. En dortoirs de 4 ou 6 lits en général. On s’installe au hasard les premiers jours, puis, avec le temps et les affinités qui se créent, on choisit ses compagnons de chambre.

Chacun est libre de passer la soirée comme il le souhaite. Balade, repos, partie de cartes, visionnage d’un film, préparation d’un repas…

Pour le dîner, c’est aussi au choix de chacun : soit dîner à l’extérieur quand nous sommes dans une ville, soit repas cuisiné dans l’auberge (elles disposent toutes de cuisines parfaitement équipées). Parfois c’est un repas commun qui est proposé. Ceux qui le souhaitent s’inscrivent, le chauffeur récolte notre participation financière et se charge des courses et de la préparation du repas. Nous lui donnons évidemment un coup de main : viande grillée et saucisses au barbecue accompagnées de purée maison et salades variées, spaghettis bolognaises… ou juste achat groupé de fish and chips que le chauffeur va chercher et nous livre à domicile (quand nous sommes à l’extérieur d’une ville). Les auberges où nous logeons proposent aussi parfois des repas collectifs à tarif préférentiel.

Pour le petit-déjeuner, c’est à chacun de prévoir et de se le préparer. Il n’est jamais compris.

Une des soutes du bus est donc exclusivement réservée pour nos produits alimentaires.

Reprenons maintenant la chronologie du voyage

 

Mardi 12 et mercredi 13 septembre :

C’est à Hahei, petite ville balnéaire de Coromandel Peninsula, sur la côte est, sur le pacifique, que nous faisons escale pour 2 nuits.

Il ne fait pas chaud et il pleut. Leftie nous demande si nous souhaitons aller tester les bains d’eau chaude à Hot Water Beach, à quelques kilomètres du camping où nous logeons. Nous sommes évidemment partants même si la météo n’incite pas à la baignade. La marée basse étant à 17h, c’est à ce moment-là qu’il faudra y aller. Nous nous installons dans une partie du camping spécialement construite récemment pour accueillir les passagers Straybus, et, à l’heure dite, ceux qui le souhaitent se retrouvent au bus, équipés de leurs maillots et serviettes.

Arrivés sur place, nous devons nous déchausser dès la descente du bus puisqu’il faut traverser la plage, et marcher dans l’eau plus que fraîche pour arriver jusqu’à l’endroit où les sources d’eau chaude passent sous le sable. Leftie a prévu des pelles et il s’agit alors de creuser des bassins dans lesquels surgit une eau  à 60° d’origine géothermique ! Il faut donc impérativement gérer cette arrivée d’eau en la faisant venir progressivement pour qu’elle refroidisse au contact de l’air et du sable en surface. Nous sommes en maillot de bain alors que la température extérieure ne dépasse pas 13°. L’avantage c’est qu’au moins il n’y a pas trop de monde…

Avant de tester ces baignoires éphémères, je préfère tenter d’abord un bain dans l’océan. Il n’est pas chaud mais vu la température extérieure, ça ne me semble pas si terrible. Je suis la seule à m’y baigner.

IMG_0061En sortant, je file dans l’un de ses bassins. Aïe ! Je mets le pied dans un des filets d’eau qui arrive et me brûle. Il me faut un certain temps pour réussir à m’allonger tellement c’est chaud. Mais une fois installée sur le dos, quel bonheur ! On ne se rend même plus compte de la température extérieure. Et quand ça refroidit trop, il suffit de creuser un peu plus pour rajouter de l’eau chaude.

IMG_0075Nous restons longuement dans ces baignoires naturelles et c’est finalement l’arrivée de la pluie qui nous presse à nous rhabiller… Pas très agréable d’ailleurs de s’habiller sous la pluie sur une plage de sable.

C’était vraiment une chouette expérience en tout cas.

Ce soir c’est barbecue préparé par Leftie, mais pas question de manger dehors avec le mauvais temps.

Le lendemain, journée libre. Certains partent faire du Kayak, d’autres une balade en bateau, ou à pied.

Pour ma part, je m’octroie une grasse matinée. Il fait soleil et même presque chaud. J’en profite pour prendre mon petit déjeuner au soleil, en bouquinant. Je suis seule et ça fait du bien.

Puis je me prépare un pique-nique pour partir randonner. Un circuit mène à Cathedrale Cove, une arche de calcaire au-dessus d’une eau turquoise transparente qui a notamment servi de décor à l’un des films de Narnia.

IMG_2123Je suis d’abord la plage, en marchant pieds nus dans l’eau, puis le chemin monte et passe à travers le bush,

 

avec une vue magnifique qui surplombe la mer d’un côté et vue sur les collines vertes de l’autre.

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Superbe journée avec pique-nique sur la plage. Trempage de pieds.

IMG_2135Sur le chemin du retour, sur la plage juste devant le camping, je me laisse tenter par un nouveau bain de mer, je n’ai même pas besoin de me rhabiller et file directement sous la douche du camp.

 

Jeudi 14 septembre :

Nous sommes nombreux à avoir choisi de nous lever un peu plus tôt que nécessaire pour voir le lever du soleil sur la plage avant le petit-déjeuner. Le spectacle est fabuleux et vaut largement une petite heure de sommeil de moins. De toute façon nous devions nous lever tôt pour partir. Et puis c’est dans cette partie du monde que le soleil se lève en premier, autant en être témoin au moins une fois…

IMG_0123Direction Raglan, réputée pour le surf, où nous arrivons en tout début d’après-midi. Nous logeons dans un lodge au milieu du bush, à un petit kilomètre de la mer. L’idée est que ceux qui le souhaitent aillent prendre un cours de surf. Ce n’est vraiment pas un truc qui me tente. Il fait gris, il pleut, il y a du vent. Vraiment un temps très maussade, le décor est tout gris.

IMG_2186Je pars quand même pour une balade jusqu’à la mer avec Alicia,  et  Petra, une allemande de 45 ans, qui profite d’avoir une interruption de 4 mois dans son travail pour voyager seule en Nouvelle-Zélande avant de retrouver son mari en Australie pour 3 mois de roadtrip. Nous allons voir les surfeurs à l’œuvre. Hormis aux alentours du lodge, pas vraiment de belle balade à faire ici, mais des jolies plantes à observer.

 

 

Pas de chemin aménagé, il faut marcher le long d’une route pas très agréable. Retour rapide au lodge pour une fin d’après-midi thé et écriture pour le blog très très délaissé depuis un moment.

 

Vendredi 15 septembre :

Nous partons tôt car une sortie spéléo pour voir des vers luisants dans des grottes est proposée pendant que d’autres – dont moi – iront marcher. Direction Waitomo. La balade est superbe, et la météo est avec nous.

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La plupart des jeunes sont très excités par le programme de l’après-midi : nous allons visiter Hobbiton, le village Hobbit en décors naturels créé par Peter Jackson pour le Seigneur des Anneaux et pour Bilbo. Même si je ne suis pas fan, je connais évidemment l’histoire. Sans avoir vu aucun des films en entier, j’ai l’impression de tout en savoir tellement Adrien les a regardés à la maison. Et puis Bilbo et Adrien, c’est une grande histoire. Fan de Tolkien depuis qu’il a dévoré « Bilbo Le Hobbit », puis  le pavé « Le seigneur des anneaux », à 12 ans, il connaissait par cœur le début de Bilbo Le Hobbit et nous le déclamait. Du coup, je le connais aussi. Pendant toute son adolescence, son surnom était d’ailleurs Bilbo… C’est dire. Alors, évidemment que j’ai envie de faire cette visite. Et je ne regrette pas, c’est vraiment superbe. On est vraiment dans un merveilleux pays imaginaire d’où on s’attend à tout instant à voir surgir des hobbits.

Tout a été pensé et des jardiniers s’activent à s’occuper des potagers et autres massifs fleuris. Les accessoires miniatures devant les maisons, reflétant le métier de leurs supposés occupants sont extraordinairement réels.  Par contre ces mais ons sont vides, ne sont qu’une façade. Les portes s’ouvrent mais les intérieurs ne sont guère plus qu’une petite pièce vides de 4 ou 5 m2.

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L’auberge du Dragon Vert, elle, est bien réelle et abrite réellement une auberge où une chope de bière nous est offerte à la fin de la visite.

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