*Bonjour le pays du long nuage blanc
La Nouvelle-Zélande est la dernière destination de mon périple. Je me suis réservée 6 semaines pour la découvrir, avec beaucoup d’attentes. Ce pays me fait rêver depuis longtemps. J’imagine déjà que mes articles risquent plus de ressembler à des reportages photos parce que les paysages y sont fabuleux. J’ai entendu le plus grand bien de ses habitants aussi, chaleureux, accueillants, et solidaires.
Jeudi 7 septembre :
Après 3 petites heures de vol, j’atterris à Christchurch, sur l’île du Sud de Nouvelle-Zélande, à près d’une heure du matin, heure locale. 2 heures de plus qu’à Sydney.
Lorsque j’ai réservé mon vol pour la Nouvelle-Zélande, je n’avais pas d’idée précise de comment je m’y déplacerais, mais j’avais a priori l’intention de faire d’abord le tour de l’île du sud, avant d’aller visiter le nord. J’ai donc pris un billet pour Christchurch. Or, j’ai finalement opté pour une formule de tour des 2 îles en bus, qui part d’Auckland, sur l’île nord. J’ai donc du réserver un autre vol pour faire Christchurch-Auckland. Le premier départ étant à 6h30, me voilà condamnée à passer la nuit dans l’aéroport.
J’avais lu sur internet qu’il y avait un lounge, où, pour quelques dollars, il était possible de passer la nuit, au calme, sur des fauteuils confortables. Or, j’apprends qu’il n’en est rien. C’est donc sur des bêtes sièges d’aéroport, en métal, avec accoudoirs interdisant de s’allonger que je dois passer ma nuit. Inutile de préciser que je somnole, d’un œil, à peine une heure ou deux…
Avant ça, j’ai évidemment été accueillie par l’immigration – aucun soucis, un visa touristique est accordé à l’arrivée pour 3 mois – et par la douane.
La Nouvelle-Zélande, comme l’Australie d’ailleurs, applique une réglementation très stricte et restrictive concernant les produits autorisés à l’importation. La liste des produits prohibés est longue et je ne l’ai pas détaillée. Je sais juste qu’il y a intérêt à tout déclarer dans les règles, car les contrôles sont très très fréquents, et l’amende, en cas de fausse déclaration (produit toléré ou pas), est de 400nz$.
J’ai donc répondu très honnêtement sur la fiche fournie à bord, que j’ai des produits alimentaires dans mes bagages, y compris des produits laitiers puisque j’ai un morceau de cheddar entamé. C’est logiquement que je suis dirigée vers un agent chargé de vérifier tout ça. Le fromage ne lui pose finalement aucun problème, et il me l’emballe dans un sachet scellé avec une étiquette « douane ». Le thé, le sucre, les nouilles instantanées et les biscuits ne le gênent pas non plus. Par contre, j’ai commis l’erreur d’acheter un pot de miel en Australie. Le miel d’un arbre spécifique, produit localement quand j’étais à Gingin. Je comptais le ramener en France. Et ça c’est strictement interdit ! Tous les produits d’origine animale sont prohibés à l’importation pour éviter toute transmission de maladies. Le douanier me le confisque donc, et j’ai beau insister en lui disant que je ne compte pas l’ouvrir sur le territoire, mais juste le ramener en France, il est inflexible. Je suis écœurée et déçue, évidemment…
Quand arrive l’heure de pouvoir m’enregistrer pour mon vol, je me dirige vers terminal pour les vols domestiques et, à l’heure dite, j’embarque pour Auckland. Un peu plus d’une heure plus tard, j’arrive à destination.
Je prends un bus jusqu’à l’auberge de jeunesse YMCA où j’ai réservé un lit en dortoir féminin. Je sais d’ores et déjà qu’en Nouvelle-Zélande, étant donné les prix, je ne logerai que de cette manière. Les chambres seules étant hors de portée de mes finances.
Il est trop tôt et on m’indique que je ne pourrai m’installer qu’à partir de 13h30. Moi qui rêvais d’aller m’allonger, c’est raté. En attendant, je vais donc prendre un petit-déjeuner dans la cuisine, et reviens m’installer dans le lounge en attendant l’heure.
Bonne surprise quand on me donne ma chambre : c’est une chambre seule. Avec même un petit réfrigérateur ; l’auberge est en travaux, un étage complet est fermé, et du coup j’ai été « surclassée ».
J’ai 2 jours devant moi avant de monter dans le bus qui me fera visiter le pays pendant presque 6 semaines.
Je passe ces 2 jours à me promener dans le centre d’Auckland, autour de l’YMCA, sur le port aussi. La ville est plaisante, très cosmopolite. On y croise beaucoup d’asiatiques, des habitants des îles du Pacifique aussi, Tonga, Fidji ou Samoa, reconnaissables à leur physique imposant, hommes ou femmes. Et on y entend parler toutes les langues.
Je suis surprise d’y voir beaucoup de sdf aussi installés sur des cartons et faisant la manche. Je n’en ai vu aucun en Australie…
J’avais une petite appréhension quant à ma faculté à comprendre les néo-zélandais, les kiwis, comme ils se nomment eux-mêmes. En effet, j’en ai rencontré un d’une soixantaine d’année dans l’auberge de jeunesse où j’ai séjourné dans les Blue Mountain. Et j’avais un mal fou à comprendre ce qu’il me disait. Il parlait vite avec un accent très fort. Je le lui avais dit et fait part de mon inquiétude quand je serais dans son pays. Il m’avait dit de ne pas m’inquiéter que tout le monde ne parlait pas kiwi avec un accent aussi prononcé, ni aussi vite… Et en effet, je comprends assez bien tous ceux avec qui j’ai parlé jusque là.
Samedi 9 septembre :
A 8h, j’ai rendez-vous au point de ramassage du bus de la compagnie avec laquelle je vais voyager.
J’ai donc réservé un pass avec la compagnie « Straybus ». J’ai choisi une formule hop-on/hop-off. C’est-à-dire que les bus font un circuit déterminé, avec deux arrêts principaux par jour, un dans la journée, et un à l’endroit où l’on passe la nuit. Mais, à tout moment, on peut choisir de rester à un endroit et de prendre le bus suivant. Sur le parcours, le bus s’arrête aussi régulièrement pour des pauses café. Aux points d’intérêts touristiques également, aussi bien un point de vue, ou pour faire un tour en bateau, ou toute autre activité intéressante. Ou juste pour une balade. Un peu comme on le fait quand on est avec sa propre voiture…
Le chauffeur est aussi guide et donne des explications sur les lieux, sur la culture maori, sur la signification des mots, sur les plantes, les arbres. Il s’arrête également chaque jour ou presque à un supermarché économique, nous précisant combien de repas nous avons à prévoir avant le prochain. Les nuits, elles, sont assurées dans des auberges de jeunesse, ou dans des lodges exclusifs dans des endroits insolites, à l’écart des zones touristiques. Toujours en dortoirs de 4 ou 6 lits. Quand ce sont des grandes villes, on peut réserver soi-même un autre hébergement de notre choix. Chaque matin, en montant dans le bus, le chauffeur fait donc circuler des feuilles sur lesquelles on doit préciser si on souhaite un hébergement « Stray » pour combien de nuits (si on souhaite rester plus), ou si on a réservé par soi-même. Sont également proposées diverses activités spécifiques aux lieux de destination, à tarifs préférentiels ; cela va du tour en Kayak, en passant par l’exploration de grottes, un saut en parachute, un tour en bateau dans une baie, ou un repas et une soirée maori, à titre d’exemple. Chacun est libre de s’inscrire ou pas, et le bus emmène les participants qui s’inscrivent directement au lieu de départ de l’activité. Chacun est aussi libre de ne rien choisir et de faire ce qu’il veut. Seul. L’emploi du temps n’est donc absolument pas fixé et rigide. Il peut varier en fonction de la météo, des envies des passagers…
Un site internet avec des codes personnels d’accès me permet de gérer mon voyage à ma convenance en réservant les dates et les lieux de pick-up que je souhaite, au coup par coup.
Le tarif peut sembler élever a priori, mais quand on voyage seul, c’est une bonne formule qui permet d’aller vraiment sur les lieux intéressants sans se poser la question du transport, des horaires, sans trimballer son barda. Je m’étais renseignée pour une location de voiture, ou même de van aménagé pour y dormir. Mais d’une part la saison n’est pas la plus favorable : c’est le tout début du printemps et je sais qu’il va encore faire bien froid, surtout sur l’île du sud où je pourrais même avoir de la neige. J’aurais passé mon temps à conduire, alors que je n’aime pas particulièrement ça, et que je ne pourrais pas profiter des paysages. Et si on rajoute le carburant, c’est vraiment pas économique.
Et puis, en réservant en juillet, pour un départ en septembre (avant le démarrage de la saison touristique) j’ai bénéficié d’une offre spéciale à presque –50%.
Je sais déjà que la moyenne d’âge de ce genre de tour est autour de 25/30 ans et que je serais probablement la plus âgée, une fois de plus. Une autre compagnie, Kiwi Experience, propose d’ailleurs ce genre de formule avec des tarifs plus avantageux, mais, renseignements pris, la moyenne d’âge tourne vraiment à la petite vingtaine, et l’ambiance est clairement à la fête en permanence avec beaucoup d’alcool et des nuits bruyantes à la clé… Pas vraiment mon truc.
Voilà, c’est donc pleine de curiosité, que j’attends ce bus. C’est un mini-bus orange – aux couleurs de Stray – qui s’arrête. Le chauffeur sympathique se présente, sait déjà que je suis Catherine puisque tous les autres passagers sont déjà dans le bus et ont logé dans d’autres établissements.
Mes sacs sont chargés dans la remorque dédiée.
Dans le bus, sans surprise, une douzaine de bien plus jeunes que moi. Une majorité de filles, quelques garçons.
Pendant les 2 semaines à venir nous allons donc explorer l’île du Nord.
Nous prenons la direction du nord de l’île : Paihia.
Notre guide-chauffeur se présente, nous explique le déroulement d’une journée type avec Stray bus et nous commente la sortie d’Auckland.
Notre premier arrêt est pour découvrir un arbre millénaire, le Kauri (à prononcer kodi à la façon maori). Ces arbres géants existaient par milliers à l’arrivée des premiers colons qui se sont empressés de les abattre, pour faire de la place d’abord, tout le territoire étant exclusivement recouvert par le bush, et pour profiter des qualités exceptionnelles de son bois qui faisait notamment d’excellents mats pour les bateaux ce peuple de navigateurs (la Nouvelle-Zélande est le pays du monde où il y a le plus de bateau par habitants) . Heureusement, avant sa complète extermination, certains ont réagi et ont mis en place des programmes de sauvegarde. Sachant que les Kauris atteignent leur maturité à 800 ans, et que les plus vieux atteignent 2000 ans, il y avait urgence à agir sous peine de ne jamais plus en voir. Ils peuvent mesurer jusqu’à 50 mètres de haut et la circonférence de leurs troncs peut égaler celle d’un séquoïa avec une dizaine de mètres.
Les plus vieux, dont celui-là, sont considérés comme des divinités par les maoris et ont même des noms.
Après un arrêt à Whangarei pour déjeuner, nous arrivons dans l’après-midi à Pailia où nous passerons 2 nuits.
C’est une petite ville balnéaire très calme en cette saison.
J’ai réservé une autre auberge de jeunesse que celle proposée par Stray, parce qu’elle semblait plus confortable. J’ai bien fait : je suis seule dans le dortoir.
Il fait froid avec un vent glacial mais la balade en bord de mer est superbe.
Le soir je retrouve les autres passagers à leur auberge pour un repas devant la retransmission du match de rugby des All Blacks contre l’Argentine. On nous a parlé d’une ambiance du tonnerre… Sauf que nous sommes les seuls devant l’écran géant. L’unique néo-zélandais étant notre chauffeur. Nous regrettons tous de ne pas être allés dans un des bars de la petite ville à la place…
Et en plus le repas n’est pas terrible. Dès la fin du match je retrouve mon lit.
Dimanche 10 septembre :
Aujourd’hui c’est un car avec un chauffeur local qui nous emmène pour la journée découvrir la péninsule d’Aupouri, jusqu’à Cap Reinga, le point le plus au nord de la Nouvelle-Zélande. Chris, le chauffeur est un maori d’une soixantaine d’années, passionnant et passionné. Drôle aussi, philosophe, et excellent chanteur !
Nous nous arrêtons en route dans une forêt de Kauris où Chris nous raconte plus en détail l’histoire de ces arbres, et des légendes qui leur sont attachées.
Puis nous allons jusqu’au phare de la pointe nord.
Il fait un temps de chien : vent froid et violent, pluie battante. Nous hésitons même à descendre du bus. Et puis à la faveur d’une accalmie, nous y allons. Ça vaut vraiment la peine ; c’est l’endroit où la mer de Tasman et l’océan Pacifique se rejoignent, et c’est fascinant à quel point la ligne de démarcation est visible.
A notre gauche, la mer de Tasman, déchaînée et d’un bleu/vert éclatant, et un magnifique ciel bleu,
à notre droite, l’océan pacifique calme mais d’un gris tristounet, et un ciel nuageux assorti…
Ensuite, nous allons sur la plage « 90 miles » sur la côte est, qui en fait ne fait « que » 55 kilomètres de long !
C’est d’abord vers les dunes de sables que nous nous dirigeons pour y faire du sandsurfing. Le chauffeur sort des planches style planches de surf des soutes, et l’idée est de monter en haut des dunes, et de se laisser glisser à plat ventre dessus, en se servant des orteils pour freiner. Très peu pour moi, ce n’est pas un truc qui me tente. Et avec mes lunettes, ce n’est probablement pas une bonne idée. Je reste donc spectatrice avec quelques autres.
La particularité de cette plage, outre sa taille, est d’être officiellement classée « highway ». Les véhicules sont donc autorisés à y circuler, et sont même prioritaires sur les piétons. Elle devient route principale lorsque l’autre highway qui longe la côte est fermée. Y conduire le bus demande quand même une sacrée maîtrise. Les vagues arrivent très vite, le courant est très fort, et le chauffeur nous explique que le but est de prendre de la vitesse mais ne pas s’arrêter pour ne pas s’enfoncer, ni être emporté.
Il nous fait une impressionnante démonstration de conduite sur ce terrain inhabituel, et ça vaut largement un tour de manège.
Quant à s’y baigner, il suffit de lire les mise en garde pour faire passer l’envie (et de toute façon la météo du jour ne s’y prête vraiment pas)
Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans un « fish and ship » (prononcé « fosh and shop » à la façon kiwi – Nous mettons d’ailleurs tous un moment à comprendre ce que Chris nous propose) poisson fraîchement pêché et frites fraîches maison emballés dans un immense papier kraft (au moins 3 tours d’emballage !) : un régal.
Lundi 11 septembre :
Après une matinée tranquille, où je vais faire un tour dans les petites boutiques du village, et rentre par la plage,
je rejoins mes co-voyageurs. À 14h le bus reprend là direction d’Auckland où nous arrivons en fin de journée, juste pour y passer la nuit.