Jour 37 à 38 : ♫ À bicycleeette ♪♬

Vendredi 17 mars :

Aujourd’hui j’ai envie d’aller voir à quoi ressemble la campagne autour de Siem Reap. C’est donc en vélo, avec un guide, que j’ai prévu d’aller explorer les environs. Je me suis dit qu’en plus ça serait une bonne occasion de rencontrer du monde. (je dois dire que mes échanges sont toujours aussi limités. A la guesthouse je discute beaucoup avec Léa – en anglais, ou avec son mari qui, lui, parle un peu français, mais c’est à peu près tout. Je ne croise pas les autres hôtes, on ne doit pas être sur les mêmes horaires…). L’agence avec laquelle j’ai réservé m’a bien précisé que si nous n’étions pas au moins deux pour ce tour, il serait annulé. Or, j’ai reçu la confirmation la veille qu’il aura bien lieu. Chouette ! Rendez-vous à 12h50 pour choisir et régler le vélo, pour un départ à 13h.

11h00 : il se met à pleuvoir, une pluie fine d’abord puis rapidement des cordes. Aïe ! Au Cambodge ou ailleurs, j’ai horreur de faire du vélo sous la pluie. Portant des lunettes, je n’y vois rien. En plus, je sais que nous devons aller dans des chemins de terre et je m’imagine déjà rouler dans la boue. Je contacte donc l’agence pour prévenir que s’il pleut toujours à 12h30 j’annulerais ma réservation. On me répond que c’est noté mais qu’en cette saison, ça ne devrait être qu’un passage pluvieux qui ne durera pas. Ce que me confirme aussi Léa. En effet, ½h après, le soleil généreux revient. Et quand je pars pour le rendez-vous, tout est même déjà complètement sec.

Je suis surprise de ne voir personne au point de rendez-vous, j’attends un peu et je vois un jeune Cambodgien arriver. Il me demande si je suis Catherine, se présente : Rang, et il sera mon guide. Je lui demande où sont les autres participants ; il n’y en a pas, je suis la seule ! Mais comme on arrive en saison creuse, le tour est maintenu. De plus, il est ravi d’apprendre que je suis française car il parle français lui-même. Même très bien. Il m’explique qu’il voulait être infirmier ou médecin et qu’il est impératif de parler français pour ce type d’études. C’est donc pour ça qu’il l’a appris au lycée. Et son activité de guide lui permet de l’entretenir même s’il me dit qu’il fait plus souvent des accompagnements en anglais qu’en français. Nous allons donc prendre les vélos. La sortie de la ville est un peu sportive, il faut conduire à la cambodgienne qu’on pourrait résumer par « au plus fort la pouque… ».  Mais très vite nous sortons de la ville. Finies les routes bitumées, bonjour les chemins de terre rouge.

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Mais ça va, pas caillouteux et plutôt plats. Tout en roulant il m’explique beaucoup de choses sur la culture khmère. Sur la religion (les cambodgiens sont bouddhistes à 85% me dit-il mais y mélangent un peu d’hindouisme). 1ère halte devant ce qu’il m’explique être un cimetière. Je ne suis pas sûre que seule, je l’aurais remarqué. Il est sur le bord du chemin, sans aucun signalement particulier. Juste les tombes plus ou moins alignées.

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Les cambodgiens sont soit enterrés, soit incinérés, et dans ce cas l’urne reste au Temple sous un monument.

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Nous nous arrêtons aussi dans un temple.

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La plupart des maisons sont sur pilotis. C’est culturel parce qu’ici il n’y a pas de risques d’inondation à la mousson. Mais l’espace sous la maison permet d’avoir un endroit plus frais pour installer les hamacs, s’occuper des fruits et légumes récoltés…

Sur le bord de la route, des grandes bâches sur lesquelles le riz est mis à sécher.

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Je vois les rizières mais la saison est finie, la récolte est passée, ce sont donc des champs que rien ne distingue d’autres cultures.

Rang me montre les manguiers, chaque maison a le sien.

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Des potagers aussi, dont Rang m’explique que la plupart des légumes récoltés ici partent à la ville.

Nous voyons pas mal de vaches, toutes affreusement maigres. Je le lui fais remarquer. Il m’explique que ce n’est pas du tout qu’elles ne sont pas assez nourries, mais qu’elles ne sont là ni pour le lait, ni pour la viande, mais uniquement pour aider aux travaux des champs.

C’est un vrai bonheur de rouler à vélo. La chaleur est plus supportable avec le petit vent en roulant. Les 3 heures passent vite, et je suis enchantée de cette journée. Si l’essai était concluant, j’avais envisagé de faire ma 3ème journée à Angkor en vélo, et Léa m’avait confirmé que la guesthouse pouvait m’en fournir un. En rentrant, je m’empresse donc de lui confirmer, et son mari va m’en chercher un. Je l’essaye, il est parfait pour moi, et avec des vitesses en plus !

Demain le réveil va donc sonner très tôt une fois de plus.

Samedi 18 mars :

Le plus fabuleux de mes 3 jours à Angkor. Et pourtant, la barre était haute ! Sans l’émerveillement et la magie de la découverte, mais un vrai bonheur de faire ça en vélo. Même si j’ai eu quelques sueurs froides au retour ce soir… Mais je suis là et j’écris, c’est donc qu’il ne m’est rien arrivé de fâcheux.

Dès le trajet ce matin, je prends les petites rues, des chemins, au lieu de la grande rue principale qu’a pris le tuk-tuk les fois précédentes. Il fait bon, je me sens bien. Un petit passage délicat pour rattraper la grande avenue qui mène à Angkok : l’avenue Charles de Gaulle… Mais je la quitte très vite pour une petite route, bien plus agréable et fréquentée principalement par des enfants qui vont à l’école à vélo.

Alors que je viens à peine d’entrer sur le site d’Angkor, des tâches roses attirent mon regard sur ma droite, je m’arrête pour voir de quoi il s’agit. Des lotus ! Une ferme de culture de lotus. Evidemment, je laisse mon vélo et j’y vais. Une femme et des jeunes garçons y travaillent et m’invitent à m’approcher. Des champs de lotus, partout.

Des roses, des blancs, en boutons, ouverts…

La journée commence de la plus belle des manières. Je vois aussi dans quelles conditions plus que rudimentaires vit la famille.

Il y a quelques animaux aussi, dont un superbe coq.

Quand je repars, la femme me tend ce que je pense être le cœur de la fleur, que j’ai déjà vu sur les marchés sans savoir ce qu’on pouvait en faire. Elle me fait comprendre que ce sont les graines, et qu’elles se mangent. Elle me montre comment sortir la graine du cœur, l’éplucher pour manger le fruit. En plus c’est délicieux. Eh bah voilà, maintenant j’en achèterai… J’avais bien essayé de demander une fois, mais la vendeuse ne comprenait pas l’anglais et ne faisait que me répéter le prix (c’est d’ailleurs souvent le cas quand je pose des questions à des vendeurs dans la rue)

Du coup je rate le lever du soleil, alors que cette fois j’étais partie suffisamment tôt. Mais, de toute façon, le ciel est couvert il n’y avait rien à voir, et je ne regrette pas cet arrêt.

Etant totalement autonome sur mes déplacements, et ayant déjà vu les temples les plus importants, je peux aller à ma guise. Retourner voir mes préférés, évidemment. Les sourires de Bayon me font toujours autant d’effet. Même si les conditions ne sont pas du tout les mêmes que jeudi, la foule est là et gâche la sensation de sérénité qui s’en dégageait.

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M’arrêter, photographier, revenir sur mes pas… Faire une pause lecture dans un petit chemin à l’ombre, au pied d’un temple.

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Découvrir d’autres vestiges et temples qui n’étaient pas sur le circuit les jours précédents, à l’écart de la foule.

M’arrêter pour déjeuner en squattant une cabane au bord de la route.

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Y perdre de longues minutes à admirer un papillon qui est tombé en amour avec mon guidon de vélo.

Répondre à l’appel de l’eau des douves pour y tremper mes pieds, en lisant un chapitre de plus. Puis me repaître du spectacle des libellules sur les nénuphars.

Plus tard, faire une petite collation, puis m’allonger dans des petites plantes bien vertes, bien moelleuses.

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Me laisser aller à somnoler, la tête posée sur mon sac à dos. Etre gênée par des sensations de picotements, de piqûres dans le dos, dans la tête. Des fourmis ! Des centaines, des milliers de fourmis. Minuscules mais coriaces… Dans mon sac à dos évidemment, infiltrées dans mon paquet de biscuits d’abord, mais dans mes quartiers d’ananas aussi, et partout en fait. Désolée pour les moines bouddhistes quelques mètres plus loin, à l’entrée du temple près duquel je me suis installée, mais j’en tue un paquet.

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Impossible de faire autrement. Je vide méthodiquement mon sac et j’essaie de faire au mieux. Je nettoie mon ananas comme je peux – un peu de protéines ne me fera pas de mal. Quand à mes cheveux, je secoue, je frotte. Les dernières sont parties sous la douche en rentrant ce soir… Et je passe le reste de la journée à en enlever chaque fois que ça me picote quelque part. Pour tout dire, en écrivant, j’ai encore l’impression d’en avoir sur moi… mais pourtant non.  J’attends demain pour savoir si leurs morsures laissent des traces.

Je découvre des temples récents, il y en a partout aussi.

La journée avance et je me laisse tenter par l’idée de rester jusqu’au coucher du soleil qui est sensé magnifier Angkor Wat. Je pédale donc jusqu’à là-bas. Et là surprise : il est 17h30 et les bords des douves sont bondées. On est samedi soir et les familles cambodgiennes viennent manger ici. Des nattes sont posées un peu partout, des hamacs, beaucoup de hamacs, de toutes les couleurs. Des femmes passent en proposant à manger. Certaines ont même des mini-barbecues, des plats préparés et les familles les appellent pour qu’elles leur préparent un repas.

En fait ils viennent pique-niquer mais n’apportent pas à manger. Tout est sur place, vendu et préparé par des vendeurs ambulants. Des enfants vendent même les serviettes en papier. Il règne une joyeuse ambiance. Je m’installe au milieu d’eux pour attendre le coucher de soleil. Ça les fait évidemment sourire…

Le ciel s’est de nouveau couvert après que le soleil a brillé toute la journée. Le coucher de soleil ne tient donc pas les promesses vantées partout, pas de ciel magique au-dessus d’Angkor Wat ce soir. Tant pis, je reviendrai… un jour !

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Il est donc temps de prendre le chemin du retour. Je ne suis pas la seule, évidemment. J’essaie de rester concentrée et de tenir ma trajectoire quand les bus me doublent en me frôlant, les scooters et tuk-tuks me font des queues de poisson ou pilent devant moi pour laisser leurs passagers regarder les singes au bord de la route. Je serre les fesses jusqu’à ce que je rejoigne le petit chemin que j’ai pris ce matin. Ouf ! je m’en suis sortie entière. Reste à terminer dans la nuit noire et dans la circulation de la ville. Mais ça se passe plutôt bien et facilement.

En retrouvant ma chambre, et internet, j’ai les réponses et la confirmation avec les détails que j’attendais. Je démarre lundi une nouvelle aventure : je quitte Siem Reap pour m’installer dans un village de campagne à quelques kilomètres de là. Je suis volontaire pour aller donner des cours d’anglais à des enfants dans une école cambodgienne. Je me suis engagée pour 15 jours et je vous en dirai plus quand j’y serai.

(sans photo pour l’instant, connexion capricieuse ce soir…)

 

6 commentaires sur « Jour 37 à 38 : ♫ À bicycleeette ♪♬ »

  1. Alors là ma Cathy chapeau! Je lis plusieurs jours de suite le matin au réveil et cela me donne la pêche et surtout l’envie de te rejoindre…
    Tu as planté une nouvelle graine dans la liste de mes envies: la Thaïlande y était déjà déjà mais maintenant aussi le Cambodge.
    Et aller volontaire dans une école là c’est le top total BRAVO BRAVO j’ai hâte de lire tes aventures encore.
    Merci pour ces beaux et poétiques partages. Grosses bises.
    Léti

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