Coucou me revoilou !
Il est plus que temps que je vous parle de Hoi An ; c’est quand même une des destinations phares du Vietnam, et voilà que je vous fais languir.
10 jours pour pondre cet article !
Mon manque de motivation à écrire sur ce séjour est probablement lié à mon état d’esprit quand j’y étais : l’envie m’a quittée pendant quelques jours. Pas envie d’écrire, pas envie de visiter, pas envie de photographier, pas envie de chercher quoi faire, pas envie de réfléchir à la suite du voyage…
Bref un coup de mou comme on en a tous, mais là c’était plus une lassitude liée au voyage, l’impression d’être blasée. Pas vraiment une baisse de moral pour autant. C’est surement normal après plus de 4 mois de voyage, avec ce que ça implique de déplacements, de déménagements, de découvertes permanentes… Eh oui, ça aussi on peut s’en lasser.
Alors la solution à mon problème a été de me poser, sans rien faire de particulier… juste attendre que ça passe… ou que ça revienne, c’est selon.
Pour en revenir à Hoi An, je ne vous détaille pas mon programme, plutôt limité malgré les 6 jours que j’y ai passé. Je vais juste en résumer les «highlights » (hé hé, c’est ça d’être bilingue ! 😉)
Dimanche 18 mai :
Depuis Phong Nha, c’est à 7h que je prends la route dans un sleeping bus (oui, même en journée) direction Hoi An.
On m’a annoncé une arrivée vers 13h30. Or, une fois dans le bus, on nous indique que nous changerons de bus à Hué, avec 2 heures d’attente… sympa la surprise !
Le bus nous dépose donc dans un café/agence de voyage. On nous offre de l’eau fraîche et des lingettes rafraîchissantes, et nous pouvons laisser nos bagages pour sortir si nous le souhaitons.
En établissant mon parcours, j’ai délibérément zappé l’étape Hué, pourtant considérée comme incontournable, parce qu’il s’agit d’une grande ville, avec essentiellement des visites historiques (cité impériale), et j’ai plus envie d’espace et de nature que de ville. Je pourrais donc profiter de cet escale inattendue pour prendre un tuk-tuk et faire une visite jusqu’à la vieille ville, mais je ne suis pas motivée et me contente d’aller déjeuner, puis me balader à pied dans un parc, le long du fleuve.
A l’heure dite, retour au bus, et trajet sans encombre jusqu’à Hoi An. Motodop à l’arrivée, et j’indique l’adresse de la guesthouse. Problème : alors que le gps dit que nous sommes arrivés, elle est introuvable. Mon chauffeur demande aux voisins, personne ne connait. Enfin, une jeune fille arrive vers nous en scooter, demande si je suis Catherine, indique une maison dans une ruelle transversale en disant que je suis attendue. Il s’agit en effet d’une petite maison, dans un petit quartier résidentiel plutôt mignon et tranquille, sans aucune indication, ni signe distinctif précisant que c’est une guesthouse. 3 jeunes filles la tiennent et m’accueillent. Me montrent ma chambre au rez-de-chaussée. A l’étage, une salle de séjour et une cuisine commune équipée sont à la disposition des hôtes. La vue est dégagée et plutôt agréable.
L’endroit est plaisant, la chambre grande, propre, et agréable, je préviens donc que j’y resterai 3 nuits.
Je m’installe et, selon le rituel habituel, je vais visiter mon environnement après avoir négocié la location d’un vélo puisque la journée est bien entamée, et que nous sommes à 2 km du centre-ville.
Je ne vais pas jusqu’au vieux quartier touristique pour ce premier soir. De ce côté, la ville est animée mais tranquille. Je trouve un endroit sympa pour manger, et ne rentre pas tard en m’arrêtant pour acheter des fruits sur un petit marché.
Lundi 19 au vendredi 23 mai :
Je vais enfin découvrir à quoi ressemble ce fameux vieux quartier de Hoi An dont tout le monde s’accorde à vanter le charme, en faisant la ville coup de cœur de beaucoup de voyageurs au Viernam.
Les 2 spécialités de Hoi An sont les tailleurs (pour des vêtements sur mesure) et les lanternes. Et effectivement ça ne peut pas nous échapper : une boutique de tailleur, une boutique de lanternes et souvenirs, 2 restaurants… C’est à peu près l’alternance que l’on trouve dans toutes les rues du vieux quartier. Excepté le long du fleuve, où il y a principalement des restaurants. Ce vieux centre est réservé aux piétons et vélos à partir de 17h, et c’est plutôt agréable de s’y promener sans les 2 roues omniprésents partout en Asie. On pourrait dire du coup que c’est même relax sauf que… ce sont les vacances scolaires et que les rues sont bondées de touristes vietnamiens et chinois ! Et comme ce ne sont pas les plus discrets, il en résulte une impression de ville grouillante. Les ruelles sont belles, fleuries, les maisons d’inspiration chinoise, décorées de toutes ces lanternes multicolores, sont superbes. Mais mon impression est vraiment gâchée par cette foule. Et qui dit foule dit sollicitations en tout genre. Depuis les tailleurs du marché qui viennent à ma rencontre dans les rues pour me me convaincre d’aller juste visiter leurs boutiques, jusqu’aux propriétaires de bateaux qui veulent m’emmener en promenade sur le fleuve.
Je me laisse prendre une fois par une femme qui m’aborde et engage la conversation de façon très sympathique. Elle me demande de la suivre pour visiter son magasin. J’ai beau insister en lui disant que je n’achèterai rien. Elle se montre persuasive en me disant que c’est juste pour partager un moment et regarder. Je finis par la suivre dans le dédale du marché pour arriver jusqu’à un stand de tissus. Elle me fait assoir et revient avec des catalogues où elle me montre tous les modèles qu’elle peut réaliser. Je lui rappelle que je lui ai dit que je ne suis pas intéressée. Elle continue sa démonstration en me demandant si je les trouve beaux. Bref, au bout de quelques minutes je mets fin à l’exercice. Je crois qu’elle comprend ma détermination puisqu’elle referme ses brochures. Elle garde un sourire de façade, mais c’est en me regardant à peine, et en répondant du bout des lèvres à mon au-revoir qu’elle me laisse repartir.
Dans la rue je retrouve l’agitation, et passe mon temps à répondre non à tous ceux qui me demandent si je veux acheter quelque chose, manger, boire, faire un tour en bateau, en pousse-pousse, goûter un gâteau, essayer un chapeau… Je sature vite !
C’est vraiment trop et je ne trouve pas le Hoi An charmant qu’on m’a vanté. Du coup je n’ai même pas envie d’y rester jusqu’à la tombée de la nuit pour cette première visite.
Heureusement ma guesthouse est à l’écart de cette agitation, et j’apprécie vraiment de m’éloigner sur mon vélo pour retrouver la quiétude de ce petit quartier résidentiel de l’autre côté de la rivière.
De retour après avoir fait quelques courses sur le trajet, je me prépare même un festin : des pâtes au beurre avec une omelette !
C’est après cette première journée que je constate que mon plaisir à voyager et découvrir s’émousse. Dès le matin, je n’ai envie de rien faire. Juste traîner et bouquiner… sans envie de me projeter sur la suite du voyage. Il faut dire aussi que je dois sérieusement décider où je veux aller après le Vietnam et que c’est le flou artistique le plus complet. Mon visa s’arrête le 1er juillet, donc je sais qu’il me reste une dizaine de jours pour me décider. L’envie de retourner au Cambodge est forte mais je me dis aussi que c’est dommage de ne pas découvrir d’autres endroits… mais pour l’heure je n’ai pas plus envie de découvrir une nouvelle destination, que de retourner à la Poeuy Rural School. Pour autant je n’ai pas envie de rentrer directement chez moi. Ou bien si, j’aimerais m’y téléporter pour 2 ou 3 jours, le temps d’embrasser fort ceux qui me manquent, boire une bière (voire plusieurs) avec les copines… et repartir aussitôt. D’ailleurs quand mon frère Philippe me demande pourquoi je ne rentre pas, quitte à repartir plus tard, je lui explique que je n’en ai aucune envie pour l’instant, et que je sais aussi qu’une fois rentrée, il sera compliqué de repartir. En tout cas dans les mêmes conditions. L’occasion ne se présentera surement pas de sitôt, et c’est pour ça que je tiens à aller au bout de mon projet. Et puis hors de question de rentrer sans être allée voir Adrien en Australie, et les kiwis en Nouvelle-Zélande…
Et cet état d’esprit me contrarie ; j’ai une chance inouïe de vivre une aventure hors du commun, et je ne l’apprécie même plus. Je « culpabilise » un peu mais je m’autorise quand même à m’écouter, et juste me laisser vivre.
Je suis aussi un peu déçue de mes 2 premières nuits dans cette guesthouse. Beaucoup d’avantages pourraient en faire l’étape idéale, mais quelques désagréments me déplaisent : d’abord ma chambre est attenante au salon des filles qui la tiennent (je ne sais pas si ce sont des sœurs, des amies, des employées…) et, aussi sympathiques soient elles, elles ne font aucun effort pour essayer de ne pas faire de trop de bruit. Autant en journée ça ne me pose évidemment aucun problème, autant passé minuit, les entendre parler fort, regarder des clips ou des vidéos en riant bruyamment me gêne. Je n’ose pas leur en faire la remarque… elles sont chez elles et sont tellement souriantes… Et il manque un endroit agréable pour se poser à l’extérieur. Il y a bien une grande et belle terrasse à l’étage mais aucun fauteuil, aucun aménagement… Juste une étente à linge. C’est vraiment dommage.
Du coup je cherche un autre hébergement pour rester quelques jours de plus à Hoi An, avant de me remotiver pour la suite. Je trouve l’endroit qui me convient ; une autre guesthouse, elle aussi à l’écart de l’effervescence du centre, le long le la rivière. Une jolie chambre en rez-de-chaussée d’une belle maison spacieuse, et qui donne sur une terrasse agréablement ombragée et fleurie.
Un petit déjeuner copieux est compris dans le tarif, ainsi que le prêt du vélo. L’endroit est tenu par une famille vietnamienne charmante, et le propriétaire est même venu me chercher en scooter. J’aurais mieux fait de venir ici directement dès mon arrivée à Hoi An…
Je décide donc de rester 3 jours de plus à Hoi An, où les journées se passent tranquillement. Je vais me balader un peu dans le vieux quartier, entre midi et 16h de préférence, et là je peux enfin en apprécier le charme indubitable. Tout le monde est à la sieste et c’est tranquille.
Je peux admirer quelques temples aussi.
Je vois les artisans œuvrer à la confection des fameuses lanternes.
J’hésite à en acheter, mais je sais qu’une fois chez moi, elles perdraient tout le charme que je leur trouve ici, au milieu de centaines d’autres…
Je m’y promène de nuit aussi. C’est vrai que c’est magique. Toutes ces lanternes multicolores.
Sur le fleuve, on peut aussi faire une promenade de nuit en barque et y déposer une bougie pour voir nos vœux se réaliser.
La foule est toujours là mais moins gênante qu’en plein jour. L’ambiance est moins fébrile.
Je trouve des petits endroits sympas pour dîner, ou juste déguster un verre de « nuoc thao moc » une délicieuse spécialité de thé glacé au gingembre-citronelle-cannelle-citron vert-lotus et décorée de feuille de lotus.
D’un coup de vélo je peux aussi aller jusqu’à la plage, à une dizaine de kilomètres. La plus proche est bondée, mais en roulant un ou deux kilomètres de plus, je trouve l’accès à de petites plages tranquilles. Notamment la bien-nommée « Hidden beach » (plage cachée) où je passe une journée complète un jour où un petit vent bien agréable rafraîchit juste suffisamment l’atmosphère. Je peux même y profiter d’une chaise longue et d’un parasol en coco.
En fin de journée j’observe les pêcheurs qui partent en mer sur leurs drôles de petites barques rondes. Des vraies coquilles de noix faites en bambou tressé.
Je ne longe pas la mer pour rentrer mais passe par la route à travers les rizières pour traverser un village de maraîchers. Je m’y arrête un instant et je regarde les paysans à l’œuvre dans leurs champs.
Enfin, le vendredi, je me secoue les puces et prends ma décision pour la suite : ça sera le Laos. Tous les voyageurs que j’ai rencontrés ont été unanimes : « si tu as aimé le Cambodge, vas au Laos ! C’est encore mieux ; la gentillesse et le sourire des cambodgiens, et les beaux paysages du Vietnam ». J’ai donc dans l’idée de le traverser en 2 semaines pour aller rejoindre le nord de la Thaïlande.
Dans la foulée, je vais jusqu’à une agence de voyage réserver directement mon billet. Il n’y a pas de bus direct au départ d’Hoi An. Je dois d’abord faire une étape à Hue. Je réserve donc ma place dans le bus du lendemain matin pour Hue, et le sleeping bus de dimanche pour Vientiane, capitale du Laos.
Samedi 24 mai :
Le propriétaire de la guesthouse me conduit à l’agence de voyage d’où mon bus doit partir à 8h. Les 4 heures de trajets passent vite. A l’arrivée, le bus nous dépose en centre-ville, au bord du fleuve, mais une navette peut nous conduire jusqu’au bureau de l’agence de voyage. Je choisis cette solution puisque j’ai délibérément réservé une chambre juste à côté pour ne pas avoir à me déplacer dans la ville demain matin.
J’ai donc une demi-journée complète devant moi.
Après avoir pris possession de ma chambre, déjeuné, et m’être reposée, je décide d’aller à pied de l’autre côté du fleuve où se trouve la cité impériale. Je me promène d’abord à pied, puis je cède aux sollicitations d’un conducteur de pousse-pousse pour aller faire un tour complet de la vieille cité. Je n’ai plus beaucoup de dôngs, j’ai encore ma nuit et mon dîner à payer avant de quitter le Vietnam, je négocie le tarif pour une heure de promenade.
Nous partons à l’assaut des petites rues. Il me conduit dans de jolies ruelles, la balade est agréable.
Quand l’heure se termine, je lui demande de me déposer au pont par lequel je suis arrivée. Au moment de payer, il me réclame bien plus que le prix convenu. Je lui signifie mon désaccord mais il me dit que le tarif était pour une heure alors que nous sommes partis 1 heure ½, ce qui est complètement faux. Je ne cède pas et lui montre, preuve à l’appui grâce à mon téléphone qui enregistre tous mes pas, que nous n’avons bien fait qu’une heure de circuit, comme convenu. Je ne lui donne que la somme prévue. Il râle, il insiste, je tiens bon et m’éloigne. Je finis donc mon séjour au Vietnam sur une tentative d’arnaque comme les vietnamiens en ont le secret. Je m’estime chanceuse de ne pas en avoir été victime avant, parce que c’est quand même récurrent d’après les témoignages de beaucoup de voyageurs…
Je rentre tranquillement, m’arrête pour dîner près du fleuve où j’admire les bateaux colorés qui embarquent leurs passagers pour des dîners croisières en musique.
Je traverse un marché de nuit et reste dubitative devant un stand proposant des desserts (essentiellement des légumineuses – haricots – lentilles…) dont les couleurs ne me disent rien qui vaille…
Et je vais me coucher pour ma dernière nuit dans ce pays d’où je repars avec une impression mitigée. Il est certes magnifique avec une variété de paysages incroyables. Les plus beaux que j’ai jamais vus parfois. Je suis plus réservée sur les vietnamiens. J’en ai rencontré beaucoup de très gentils, mais beaucoup m’ont aussi exaspérée par leur sans-gêne, leur manque d’éducation de mon point de vue. Rarement bonjour, rarement merci, au-revoir. Jamais ils ne s’excusent quand ils vous bousculent, souvent délibérément. N’ont jamais l’idée de se déplacer un peu pour laisser passer (dans les bus par exemple, ils se contentent de se tourner légèrement sur leurs sièges mais jamais ne se lèvent pour faciliter le passage). Quand je suis dans la rue, même chargée avec le sac à dos, ils ne bougent pas d’un pouce. Ils parlent fort, font du bruit tout le temps. Téléphonent toujours très bruyamment, sans jamais s’éloigner. J’imaginais un peuple plus discret, plus raffiné, plus empathique , plus doux. Je suis un peu déçue.
Hier soir, j’ai rencontré un couple franco-vietnamien d’une bonne soixantaine d’année (lui vietnamien, elle française. Ils se partagent entre la France et le Vietnam). Quand il a su que je partais pour le Laos, il m’a dit ce que disent les vietnamiens au sujet de leurs voisins :
« Le vietnamien plante le riz, le cambodgien regarde le vietnamien planter le riz, et le laotien regarde le riz pousser… »
Ma foi, ça me plait bien et j’ai hâte de découvrir ce pays …
Les différences entre les cultures sont souvent très difficiles à gérer, surtout en Asie j’ai l’impression. Lors de mon voyage en Chine, je me suis souvent fait la réflexion « quelle bande de mal-élevés », mais en fait, c’était du haut de ma culture de française que je parlais. J’ai essayé de relativiser, mais c’est vrai que je suis partie avec aucun regret et sans hâte d’y revenir, contrairement à la majorité des pays que je visite et qui, souvent, me laissent un goût de trop peu.
Quant à ta lassitude de la voyageuse, je te donne l’adresse d’un super article sur le sujet publié cette semaine (où la semaine dernière, je ne sais plus) par Laure du blog On Part Quand : ( https://onpartquand.fr/sommes-nous-blases-de-voyager/ ) et sinon, sur Hemisphere in Motion, les deux derniers articles parlent aussi un peu de ce répit qu’il faut s’accorder, même quand on est la chanceuse qui voyage :).
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Tout à fait d’accord avec toi, c’est bien pour ça que je précise « de mon point de vue ». Ceci dit j’ai aussi rencontré des vietnamiens qui eux-mêmes se plaignent aussi du comportement de leurs compatriotes…
Merci, je vais aller lire ça.
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