Dimanche 30 avril :
Je profite de mon nouvel environnement, entre lecture et écriture au bord de la rivière, et balades en vélo dans la campagne environnante, et en ville, que je vais explorer en allant me perdre dans les petites rues qui en sortent.
La vie à Ela Guesthouse est vraiment douce, et je prends plaisir à y rester à flemmarder. Discussions très sympas avec JP et Isa qui savent vraiment mettre leurs hôtes à l’aise dans une ambiance très conviviale. (non je ne suis pas rétribuée pour leur faire de la pub)
Lundi 1er mai :
Ici aussi c’est férié, mais sans le muguet… J’ai réservé un tour pour aller visiter le Bokor, la montagne qui borde Kampot. Le mini-van est censé venir me chercher directement à la guesthouse à 8h30. Il est finalement 9h15 quand il arrive : normal, le départ du centre de Kampot était finalement à 9h. Nous roulons environ 10 minutes quand le mini-van s’arrête. Nous supposons que le chauffeur va faire le plein et repartir. Non, il nous demande de sortir du bus et nous prévient que nous allons rester une quarantaine de minutes ici, pour attendre un mini-van de vietnamiens dont certains doivent participer à l’excursion avec nous.
Nous voilà donc au milieu de nulle-part, en plein cagnard pour ¾ h d’attente. Pour moi qui ai beaucoup de temps devant moi, c’est pas bien gênant, tout au plus énervant, mais d’autres qui sont dans le van ne sont sur Kampot que pour 24h, et n’ont que 8 jours au Cambodge. Ceux-là sont vraiment déçus et contrariés du temps perdu. Je n’ai pas prévu de lecture, alors à la place j’écris… Peut-être que je vais finir par rattraper le retard pris il y a un moment déjà : j’aimerais bien avoir 2 jours de retard seulement mais une semaine semble être la règle.
Enfin, un peu plus tard que prévu, les vietnamiens arrivent. Le 1er mai est férié pour eux aussi, ils viennent donc passer la journée au Cambodge tout près.
Nous reprenons la route et commençons à grimper dans la montagne (enfin, nous nous restons juste assis dans le bus, c’est lui qui grimpe sans effort). La route est étonnamment en très bon état, avec glissières de sécurité. Bokor Hill était une station réputée au temps de la colonisation française. Abandonnée et détruite par les Khmers rouges qui y voyaient évidemment le symbole de tout ce qu’ils exécraient, l’ambition est de lui redonner sa notoriété et d’y attirer les touristes étrangers mais aussi cambodgiens. D’où les routes impeccables, plusieurs constructions en cours, même si certains chantiers semblent avoir été abandonnés en route. Au sommet on trouve les vestiges d’un ancien palace/casino, mais aussi, un peu plus loin un nouveau complexe flambant neuf, totalement anachronique dans cet environnement. Les paysages sont évidemment magnifiques, la végétation totalement différente de celle de nos contrées, avec beaucoup de feuillus, et des palmiers. Un superbe camaïeu de vert, et en toile de fond la mer. J’ai déjà hâte d’être en haut pour admirer tout ça et prendre de belles photos. Puis, plus nous montons, plus l’air se rafraîchit (bonheur !) mais plus il y a de nuages aussi. Quand nous nous arrêtons au pied la statue géante peinte de Lok Yeay Mao (la grand-mère), les nuages se font de plus en plus présents et commencent à bien boucher le paysage qui promettait pourtant d’être fabuleux.
Alentour, d’anciennes villas de villégiature, notamment celle du roi Sihanouk, laissées à l’abandon sont une curiosité. Des graffeurs y ont exprimé leur art.
Retour au mini-bus sous la pluie qui commence à tomber doucement. L’arrêt suivant à un temple déjà envahi de touristes essentiellement vietnamiens, et une éclaircie nous permet quand même de profiter du lieu.
Alors que nous devons aller déjeuner près de l’ancien casino, ce sont des trombes d’eau qui s’abattent. Nous arrivons à nous caser tant bien que mal sous les abris offerts par les stands de restauration, sous des parasols troués… Il parait que la vue est superbe ici, nous ne pouvons que l’imaginer. Dès le repas terminé, le bus nous conduit au nouveau casino pour nous mettre à l’abri dans l’espoir que l’orage passe et que nous puissions continuer le circuit. Nous passons une bonne heure ici où notre présence semble pour le moins incongrue. Puis, la pluie s’étant calmée, nous partons voir une église catholique abandonnée en pleine montagne. Rien d’extraordinaire, je la trouve même plutôt moche…
Sur la route du retour, nous nous arrêtons à un lac artificiel, avec un barrage. L’endroit est désert même si il est aménagé… Le seul intérêt que j’y trouve est l’énorme papillon accroché à une bâche, et qui lutte dans le vent pour y rester.
Retour sur Kampot. Le chauffeur-guide nous dit alors qu’il nous déposera où nous le souhaitons mais qu’il va d’abord nous montrer l’endroit où nous retrouverons à 17h pour aller faire une promenade en bateau sur la rivière de Kampot, pour y assister au coucher du soleil. Je suis surprise ; pour ma part je n’ai réservé et payé que pour une demi-journée dans le Bokor. J’ai d’ailleurs payé bien moins cher que les autres participants. Je le signale, mais le chauffeur insiste en me disant que tout est compris dans le tarif. Il nous dit qu’il suffira de nous présenter à l’embarquement à l’heure dite pour en profiter. Je me fais donc déposer à la Guesthouse, enfile une tenue plus adéquate et repars en vélo jusqu’au pied du vieux pont où est stationné le bateau. Quand je me présente, on me demande évidemment mon ticket, je baratine en disant que je l’ai oublié mais que mon guide m’a dit qu’il suffisait de dire que j’avais fait le Bokor tour avec lui. Et ça marche. Je retrouve quelques-unes des personnes avec qui j’ai passé la journée, dont un jeune vietnamien très sympathique et souriant. On nous demande de nous installer à l’étage, sur le toit du bateau, en prenant des coussins au passage. Le bateau part, passage sous un premier pont et grand moment de frayeur : nous devons nous allonger pour passer. L’eau est haute est c’est un peu inquiets que nous voyons le pont à 30 cm de nos visages.
Il y en aura 2 autres comme ça. Nous en rions beaucoup aussi.
Mon voisin vietnamien engage la conversation et m’apprend ainsi qu’il vit en Australie depuis 15 ans. Il est vraiment drôle et intéressant, je passe une bonne soirée à discuter avec lui. Il commande même à manger, des délicieuses croquettes de poulet au maïs qu’il partage avec moi et 3 filles qui sont avec nous.
Le bateau s’arrête pour le coucher du soleil, avec en toile de fond les montagnes. C’est grandiose.
C’est alors que je réalise qu’il va faire nuit noire au retour, que je n’ai pas pris de lampe avec moi, et que je ne sais pas si mon vélo a de la lumière. Je l’explique alors à mon voisin, qui me sort une grosse lampe frontale de son sac et qui me dit de la prendre. Je pourrais la ramener demain à son hôtel.
Nous faisons demi-tour pour rentrer, quand le bateau se dirige vers la rive, s’arrête et les lumières à bord s’éteignent. Nous sommes d’abord surpris. Puis comprenons que les arbres de la rive scintillent de toutes parts : ils sont pleins de lucioles ! C’est magique. L’ambiance est vraiment surréaliste devant ces sapins de noël en pleine nature avec les chants des cigales, les cris des geckos et des grenouilles en bruit de fond…
Retour à notre point de départ. Mon nouvel ami vient avec moi jusqu’à mon vélo pour s’assurer que je reprends la route en toute sécurité. Bonne surprise : il y a une dynamo. Je lui rends donc sa lampe mais il insiste pour que j’essaie d’abord de faire un tour devant lui pour s’assurer qu’elle fonctionne. Tout va bien. Je rentre tranquillement, ravie de cette nouvelle journée de découverte. Si je n’ai pas été particulièrement emballée par le tour du Bokor dans des conditions météo guère favorables, la fin de journée a largement compensé. Et c’est une fois dans mon lit, que je réalise que je ne connais même pas le prénom de ce jeune vietnamo-australien avec qui j’ai passé la journée…
Mardi 2 mai :
Comme tous les matins, je suis réveillée une première fois très tôt par les moteurs des bateaux pêcheurs qui passent sur la rivière. Je ne résiste alors pas au plaisir de sortir et d’admirer le lever du soleil… avant d’aller me recoucher ; 5h30, ce n’est pas une heure pour moi.
Après avoir lézardé (on dit pas « geckoer ?). Il fait toujours chaud et moite, et la proximité de l’eau étant très tentante, j’ai envie de me baigner. Je me renseigne donc pour savoir s’il y a des possibilités de baignade dans la rivière dans les environs. On me dit que oui, à une dizaines de kilomètre, il y a un ponton pour se baigner dans une guesthouse. J’enfourche donc mon fidèle destrier roulant, et je remonte le long de la Kampot River, en restant sur la même rive. Je traverse des petits villages où on me salue joyeusement, bifurque à droite comme on me l’a indiqué, retrouve un chemin rouge caillouteux et poussiéreux pendant le dernier kilomètre. En chemin, une odeur – reconnaissable entre toutes – vient chatouiller très désagréablement mes narines. Je les sens bien avant de les voir : des vergers de Durian.
Ces énormes fruits à l’odeur vraiment putride sont en pleine période de maturité et empoisonnent l’air partout où on les trouve. Habituellement en ville, sur les étals des vendeurs. Je n’en avais encore jamais vu sur l’arbre. Ils sont tellement gros et lourds que les branches qui les soutiennent doivent être étayées. Une chose est certaine, je n’y goûterai pas. Après en avoir parlé avec tous ceux qui l’ont testé, il semble que ça ait le goût de ce que ça sent, et en plus, le goût reste en bouche très très longtemps. Mélange d’odeur de fromage très fort et d’égouts, vraiment !
J’arrive à la Greenhouse guesthouse, mange un snack et une boisson fraîche, et vais avec délice plonger dans la rivière très propre à cet endroit, à peine fraîche, mais agréable.
Je rentre juste à la tombée de la nuit.
A mon retour à la Guesthouse, deux amis de JP et Isa, sont là. Toulousains d’origine et expatriés à Kampot eux-aussi ils y ont ouvert un glacier. Je passe une très bonne soirée en leur compagnie ainsi qu’avec un couple de jeunes allemands arrivés aujourd’hui. En bons français nous parlons beaucoup de bouffe, et les 2 garçons me disent notamment qu’en dignés représentants du sud-ouest, le confit et autres magrets de canard leur manquent, le fromage aussi évidemment. Ces 4 expats expliquent qu’ils ne regrettent pas du tout leur choix, mais qu’ils aimeraient pouvoir se permettre de rentrer de temps à autre en France. Mais ils ont mis toutes leurs économies dans ce projet et se tirent tout juste de quoi vivre, pas de quoi se payer des billets d’avion pour des vacances en France. Ils me parlent aussi des difficultés qu’ils peuvent rencontrer avec les Khmers, qui n’ont pas du tout la même éducation que les occidentaux face au travail. Mais pour eux le Cambodge est le pays de tous les possibles sans les lourdes contraintes administratives et financières françaises.
Jeudi 4 mai :
Après un mercredi sans fait notable particulier, je repars pour mes explorations des environs à vélo. Cette fois je traverse le pont et longe la rivière de Kampot en descendant en direction de la mer.
Je traverse des minuscules villages musulmans, et au, bout de quelques kilomètres, j’arrive sur les marais salants.
A perte de vue des salines, magnifiques sous la lumière d’un ciel nuageux/orageux. Des hommes et des femmes sont justement en train de le récolter. Le sel et la fleur de sel de Kampot sont réputés, et il semble même que des français de Guérande viennent en acheter ici pour le revendre, parce qu’il n’y en a plus assez… Le spectacle est magnifique et je suis plutôt contente de mes photos.
Le ciel devenant de plus en plus menaçant, je pédale vite pour rentrer avant la pluie. Finalement après avoir juste pris 2 ou 3 gouttes, le ciel est à nouveau dégagé quand je reviens à Kampot. J’en profite pour aller jusqu’à la boutique de Fred et Séb, les 2 toulousains, pour aller y manger une glace. J’ai le choix entre plusieurs parfums de glace et sorbets, ou yaourts glacés améliorés. Je ne suis pas fan de glace mais j’aime les sorbets rafraîchissants. Je me régale du sorbet framboise maison, mon parfum préféré, tout en discutant avec Fred qui me donne par la même occasion d’autres idées de balades autour de Kampot, mais aussi des conseils pour les quelques jours que je veux aller passer à Kep pour le week-end.
Sur le chemin du retour, comme chaque soir, je m’extasie devant le ciel au soleil couchant.
Superbes photos ! Nous partons demain pour Jersey : j’ai hâte ! Bise
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