Jour 117 à 118 : Fin de la parenthèse

Vendredi 2 juin :

Nous quittons Cat Ba aujourd’hui : retour à Hanoï, Christine reprend l’avion ce soir. Nous aurions aimé quitter l’île aux environs de midi, pour arriver à Hanoï avant les bouchons des heures de pointe, et que Christine ait le temps de se reposer et se rafraîchir avant de partir à l’aéroport. Manque de chance, le premier départ est à 14h. Tant pis. Je suis plutôt confiante sur le fait que nous aurons largement le temps, son vol n’étant prévu qu’à 23h30, mais Christine, de nature beaucoup plus inquiète que moi n’est pas sereine.

Nous profitons donc d’une dernière matinée de farniente et d’un dernier bain de mer. Un repas rapide au bar de la plage, et nous prenons la navette de l’hôtel pour l’embarcadère. Nous faisons la traversée sur le pont, c’est bien plus agréable qu’à aller où nous étions à l’intérieur.

A l’arrivée à Haïphong, avec une demi-heure de retard, la mer étant encore agitée aujourd’hui, notre chauffeur nous attend comme prévu. Nous prenons la route. Le trajet se passe sans encombre jusqu’à l’arrivée dans Hanoï. La circulation est infernale et nous roulons au pas à partir des 20 derniers kilomètres, bloqués plusieurs fois à chaque feu rouge. Et pourtant, notre chauffeur n’emprunte quasiment que des voies interdites aux 2 roues pour limiter les dégâts, même si ça rallonge un peu le trajet. J’ai réservé un petit studio auprès d’un particulier qui nous a donné rendez-vous pour la remise des clés. Nous voulions un endroit à l’écart du vieux centre touristique, et plus près de l’aéroport. J’échange donc par textos avec le propriétaire pour lui signaler notre retard. Les minutes passent. Je sens Christine très très stressée. Tout va bien et je fais mon possible pour lui démontrer que nous avons encore largement le temps. Au bout d’un moment, je refuse de lui dire à combien de kilomètres nous sommes de l’arrivée tellement je sens que ça augmente son inquiétude. Elle s’imagine déjà être obligée de demander à être conduite directement à l’aéroport. Elle souhaite partir pour l’aéroport vers 20h pour pouvoir enregistrer son bagage à l’arrivée, et que nous ayons le temps de dîner tranquillement ensuite. Nous arrivons finalement vers 18h30. Plus de temps qu’il n’en faut… (de mon point de vue, toujours optimiste). L’appartement est refait neuf dans une petite résidence au bout d’une impasse, dans un quartier animé à 2 pas d’un complexe aquatique. Et surprise, il est meublé dans le style Ikéa. On se croirait vraiment dans une grande ville européenne. A la différence près qu’ici ils laissent toujours les autocollants sur l’électroménager. Je l’ai remarqué à plusieurs reprises. Que ce soit sur les réfrigérateurs, les lave-linges… Il y a même un four à micro-ondes et des plaques à induction.

 A 19h50 je commande une voiture Uber, et nous allons au bout de l’impasse pour l’attendre. A peine sommes-nous arrivées qu’un premier taxi s’arrête, nous demande si nous avons réservé Uber, tout en commençant à s’emparer de la valise. Le problème est que Christine a réservé une berline, qui doit normalement être une voiture noire, et à ma connaissance, les chauffeurs Uber ne peuvent pas être vrais taxis aussi. Or nous avons devant nous un petit modèle blanc de taxi officiel. Puis ce sont 2 autres taxis qui s’arrêtent. Tous nous disant la même chose « Uber ? ok ! Cheap, cheap ! » (pas cher, pas cher !). Finalement notre Uber n’étant toujours pas là, le premier chauffeur se montre convaincant en nous annonçant un prix tout à fait correct, et nous montons avec lui. Plus tard, sur la route, quand mon téléphone sonne il me dit « Uber… say you are sorry ! ». Ce que je fais évidemment. Ceci dit, Christine me dit qu’elle serait partie d’emblée avec ce chauffeur, persuadée qu’il s’agissait quand même du chauffeur Uber. Les chauffeurs de taxis sont rodés ; lorsqu’ils voient des occidentaux attendre au bord de la route avec des bagages, téléphone à la main, ils savent que c’est parce qu’ils attendent un Uber. Ils font donc leur maximum pour court-circuiter, ça me semble de bonne guerre finalement. Nous mettons une petite demi-heure pour arriver à l’aéroport international. Il est 20h30 et l’enregistrement ouvre tout juste. Christine me demande de l’accompagner jusqu’au guichet. Elle voyage souvent, est allée un peu partout dans le monde, souvent dans le cadre professionnel, mais aussi à titre personnel, toujours accompagnée. C’est donc la première fois qu’elle prend un si long vol seule au départ de l’étranger, alors qu’elle ne parle ni ne comprend l’anglais (je me souviens très qu’en classe de seconde, la seule que nous ayons partagée l’année où nous avons fait connaissance, ce n’était déjà pas son truc alors qu’elle était bonne en espagnol). Elle a donc un peu peur qu’on lui pose des questions qu’elle ne comprendrait pas. Même si elle réalise après coup que, sur ce vol, la plupart des passagers sont français et qu’il serait donc facile de demander de l’aide.

Nous dînons tranquillement et c’est l’heure des adieux. Je l’abandonne au passage à la sécurité. Nous nous promettons de nous revoir vite, au Havre surement, et je voudrais lui faire visiter la ville qui a tant changé depuis son départ il y a plus de 25 ans.. Même si elle va sans doute y aller aussi très prochainement, après très très longtemps, son père étant hospitalisé suite à un AVC. Elle en profitera pour y apporter toutes les choses que je lui ai confiées. Je sais déjà que j’aurais l’impression d’ouvrir la malle aux trésors quand je rentrerai et que je retrouverai mes achats faits en Inde, puis au Vietnam, ayant déjà oublié en partie ce que j’ai acheté. J’aurai alors l’impression de recevoir plein de cadeaux, ça adoucira le retour…

Cette parenthèse dans mon périple a en tout cas été très réussie. Une météo au top. Alors que je lui avais bien recommandé de prévoir une cape de pluie, nous n’avons eu qu’un léger crachin une fois à Sapa, et il a plu une nuit à Hanoï. Pas de chaleur accablante non plus, sauf aujourd’hui en arrivant à Hanoï. La chaleur humide est même étouffante. Le circuit que j’avais proposé était parfait pour notre timing. Nous avons alterné visites et farniente. Avons vu des paysages et des ambiances totalement différentes, et tous magnifiques. Et je sais que Christine repart du Vietnam avec l’envie très forte d’y revenir. Elle m’a même dit que c’est peut-être le voyage qui lui a le plus plu. (elle est déjà allée notamment au Brésil, en Thaïlande, aux Antilles, au Maroc, à Cuba… et j’en oublie). Même si nous avons le plus souvent été sur son terrain quant aux conditions de voyage, j’ai aussi un peu réussi à la faire venir sur le mien : chez l’habitant, en randonnée dans la montage, en prenant le bus à Hanoï et en mangeant dans deux ou trois gargotes de rues… Mais pas de révélation pour elle : elle ne voyagera jamais en mode backpackeur sans un standing minimum. Et de toute façon faire entrer ses 2 tenues par jour, plus celles « au cas où », ses 4 ou 5 paires de chaussures, sa trousse de toilette de 2 kg au moins, dans un sac à dos de 50l, c’est mission impossible ! Je me moque gentiment mais c’est vrai que je lui ai dit que même si j’emmenais la totalité de ma garde-robe d’été, je n’en aurais pas autant ! Tout ça sans pour autant être très sophistiquée. Juste classe et soignée avec le goût du détail, en toutes circonstances.

De mon côté j’ai aussi eu la confirmation que j’aime mon mode de vie et de voyage, et que le luxe et le confort ne me font pas rêver plus que ça. Ça ne rentre pas dans mes schémas de style de vie et de consommation…

Samedi 3 juin :

La première chose à laquelle je pense en me réveillant, c’est que ma Poulette a 24 ans aujourd’hui. Un petit coup au cœur quand même en me disant que je suis si loin et ne peux même pas l’embrasser. Je crois que c’est la première fois. Avec Adrien, c’est arrivé beaucoup plus tôt, dès ses 19 ans je crois. Il devait être à Cannes alors qu’il bossait pour Nice Matin. Et depuis, je compte plus facilement les rares fois où j’ai pu lui souhaiter son anniversaire en direct. Pour Chloé, c’est une première. Pincement au cœur.

Et me revoilà seule. Ces 12 jours à pouvoir partager, vivre ensemble les situations, en parler, préparer les journées à deux, c’était sympa aussi. Pour couronner le tout, je me réveille avec un mal de tête, qui tourne rapidement à la migraine (alors que j’en ai très très rarement depuis qu’un petit cancer est passé par là). Je me tâte donc à garder ce logement une nuit de plus, ne me sentant pas d’attaque pour en repartir avant midi. Mais c’est plutôt cher pour moi. Coup de bol : je reçois un message du propriétaire qui m’informe que, l’appartement n’étant pas réservé pour ce soir, je peux le garder jusqu’à 17h si je le souhaite. C’est parfait. Je prends un comprimé contre la migraine, et essaie de me rendormir en luttant contre la nausée persistante. J’y parviens et, quand j’émerge en me sentant mieux mais vaseuse, vers 14h, je sors m’acheter de quoi manger. Je rentre avec du pain, des fruits et des oeufs. Mais alors que je m’apprête à les faire cuire, et à faire chauffer l’eau pour un thé, coupure générale de courant ! Ce n’est décidément pas mon jour. C’est seulement aux alentours de 15h30 qu’il est rétabli, et que je peux enfin réellement manger, m’étant contentée de fruits et de biscuits, et ayant la flemme de ressortir manger dans la rue. La chaleur orageuse étant particulièrement accablante aujourd’hui : 40°, ressenti 44 et 70% d’humidité. Comme convenu le propriétaire vient récupérer ses clés à 16h30, et c’est en taxi que je vais jusqu’à ma prochaine adresse : un hostel dans le vieux quartier.

Cette auberge est tenue par une fratrie de jeunes vietnamiens et, dès mon arrivée j’apprécie l’ambiance conviviale qui y règne. Un ou deux parlent un peu anglais, les autres non, mais ils sont tous enjoués et accueillants. Ils m’offrent un jus de fruit frais avant de me montrer mon lit dans un dortoir féminin. C’est très propre et confortable. Un rideau permet une intimité appréciable, un grand casier pour ranger les sacs. Je salue 2 de mes voisines de chambres qui sont là. Je m’installe et reste à bouquiner, ne me sentant quand même pas au top de ma forme.  A 19h, l’une des filles vient dans la chambre et me dit qu’il y a un dîner gratuit offert par la famille à tous les guests si je le souhaite. Evidemment je descends. Autour de la table : un russe plus tout jeune avec vietnamienne, très jeune elle (c’est la première fois que je croise l’un de ces couples si courants en Asie dans un hostel), une espagnole de Barcelone, une polonaise qui travaille à Hanoï, un anglais, un russe, et un français, voyageur à vélo à travers l’Asie depuis plus d’un an. Tous jeunes, évidemment. Au menu : nouilles de riz, bouillon, nems. Le tout arrosé d’alcool de riz. L’ambiance est joyeuse, animée et conviviale. Le russe sort des ananas qu’il partage avec nous pour le dessert. Les vietnamiens amusent la galerie. La discussion est intéressante. Nous prolongeons la conversation après le repas avec le russe, le français et l’espagnole autour d’une bière.

Mon coup de blues s’est envolé, et je suis contente d’être là plutôt que seule dans un studio…

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