Jour 91 à 94 : Bonheur total (ou presque)

Je suis bien obligée de constater que je deviens feignante à publier. J’écris toujours plus ou moins au fur et à mesure, mais j’ai souvent la flemme de remettre en forme, trier les photos… Allez c’est surement un petit coup de mou. Je pense que le fait d’avoir pris du retard me démotive un peu. Je vais donc essayer de le rattraper pour coller un peu plus à mon actualité. (je n’ai qu’à moins entrer dans les détails, je sais, mais quand je suis partie, j’ai du mal à faire des coupes)

Lundi 8 mai :

J’ai rdv à 9h pour embarquer en direction de l’île aux lapins, à quelques centaines de mètres d’ici. Alors que j’avais prévenu Amandine, la propriétaire des lieux , que je souhaitais prendre un petit-déjeuner avant de partir, à 8h30, toujours personne à l’accueil. Je suppose que la soirée festive s’est prolongée très tard. Tant pis, je dois me résoudre en dernière minute à me faire chauffer de l’eau pour un thé accompagné de 2 ou 3 vieux biscuits qui traînent au fond de mon sac.
À l’heure dite nous sommes une douzaine d’occidentaux et une poignée de cambodgiens chargés de fruits et légumes, à nous présenter à l’embarquement. La traversée doit se faire sur des barques de pêcheurs. Un type nous demande alors nos tickets et y inscrit un numéro de bateau sans que nous comprenions vraiment sur quels critères. Certains ne sont que 2 à embarquer ensemble, d’autre une dizaine. Sur le notre nous sommes 6. Le bateau charge aussi des sacs d’alimentation. Il fait très beau, très chaud en plein soleil mais nous ne partons pas. Puis au bout d’une bonne demi-heure, sans que nous comprenions particulièrement pourquoi, le bateau part enfin. La traversée tranquille dure un peu plus d’une demi-heure.

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Arrivé près de l’île, aucun ponton. La barque s’échoue sur la plage, et une femme qui l’attend apporte juste une sorte de petit banc pour que nous puissions débarquer sans nous mouiller les pieds. Chaque barque fait débarquer ses passagers à une plage différente. Je crois comprendre que chacune est en lien avec le restaurant/loueur de bungalows… d’où une répartition des touristes. (qui pourtant ne semble pas équitable mais peut-être que ça dépend aussi d’où nous avons pris nos billets).
Des fauteuils en bois sont alignés sur la plage sous les palmiers, et elle nous indique que nous pouvons nous y installer.

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Derrière, des tables et des bancs, un petit restaurant/épicerie. Et de chaque côté, des petits bungalows tous simples en bambou et feuilles de palmiers.
La première chose que je fais est évidemment d’aller me baigner dans l’eau transparente et chaude.
Puis je prends enfin un solide petit-déjeuner.
Je me pose avec mon roman. Nous sommes censés repartir à 16h et, plus le temps passe, plus je me dis que j’adorerais passer la nuit ici. Je vais donc voir la femme qui nous a accueillis et lui demande si c’est possible. Elle me demande mon ticket, et me dit que oui. Je lui demande quand même à quelle heure sera le retour demain car à 15h, je dois reprendre le bus que j’ai réservé pour retourner à Kampot. Elle me dit que c’est moi qui décide, c’est soit entre 7h et 10h, soit 16h. Je demande donc à visiter un bungalow avant de prendre la décision : 2 grands lits avec moustiquaire, une salle de bain avec wc et douche, une terrasse avec hamacs, pour 7$ la nuit. Je sais aussi qu’il n’y a de l’électricité qu’entre 19h et 22h, produite par un groupe électrogène, et pas de wifi évidemment. Je n’ai rien prévu d’autre que mon maillot de bain, mes tongs et mon paréo, ma chambre est payée pour la nuit à la guesthouse de Kep, mais tant pis, c’est trop tentant de jouer les robinsons de luxe.

Je prends donc possession des lieux en commençant par la sieste dans le hamac.

En fin d’après-midi, je pars explorer un peu l’île. Personne d’autre que des pêcheurs n’y habite.  Je vais jusqu’en son milieu par un petit chemin qui part de la plage.

Ballade bien agréable alors que peu à peu des nuages s’amoncellent. Le temps de retourner à mon bungalow et c’est un gros orage qui éclate. J’adore cette impression d’être à l’abri dans ma cabane, sur cette plage déserte. Quand la pluie se calme, et que l’orage s’est éloigné, je vais au petit restaurant de la plage. La pancarte annonçant les cocktails à 1,50$ me fait de l’œil et je m’installe sur la plage avec un mojito.

Puis, je me régale une fois encore d’un succulent plat de crabe, fourni par le pêcheur que j’ai vu relever son casier quelques minutes plus tôt. C’est le seul endroit ouvert à cette époque pour dîner sur l’île et je peux donc constater que nous sommes précisément 8 touristes à y passer la nuit.

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Plus tard dans la soirée, bonheur suprême, je me baigne sous le ciel étoilé. Moment parfait. Enfin non, pas vraiment, je me dis précisément  à ce moment-là que la perfection serait d’être (bien) accompagnée. Mais ce n’est qu’un constat qui ne m’empêche pas de savourer l’instant présent comme il le mérite.

Mardi 9 mai :

Après une excellente nuit, nouveau bonheur d’aller me baigner dès le réveil au petit matin, puis de retourner m’allonger. Un petit déjeuner copieux, un dernier bain, et une barque arrive. La propriétaire des bungalows et du restaurant m’indique que c’est celle qui va me ramener à Kep.

J’embarque donc seule pour la traversée retour. Je flâne un peu sur le chemin de la guesthouse, quand, une fois de plus, le ciel se couvre et des grosses gouttes commencent à tomber.

Je presse le pas. Juste au moment où j’arrive c’est un véritable déluge qui s’abat. Nouvel orage, mais cette fois le ciel est bien bouché et il ne semble pas près de passer. Je déjeune sur place en me laissant tenter par un sandwich préparé avec le pain d’une boulangerie française de Kep. Je ne suis pas déçue de la baguette tradition croustillante… Miam !

Le bus qui doit me ramener à Kampot où j’ai décidé de retourner me poser jusqu’à l’expiration de mon visa au Cambodge, doit passer aux environs de 15h. Pour une fois, c’est avec plus d’une demi-heure d’avance qu’on passe me prendre. Retour à la Ela Guesthouse sous des trombes d’eau.

3 jeunes suisses y sont arrivés un peu plus tôt. Nous passons la fin de journée à discuter tous ensemble alors que la pluie violente ne s’interrompt quasiment pas.

Mercredi 10 mai :

Je passe ma journée à glandouiller gentiment, il pleut quasiment sans discontinuer. Sauf en fin de journée où j’ai pu profiter d’une fenêtre d’une heure ½ pour aller jusqu’à Kampot faire quelques courses. Si l’an dernier la saison des pluies a commencé très tard – il n’a pas plu une goutte jusqu’en juin –  ce n’est pas le cas cette année, et le calendrier est respecté. Mais je savais en prolongeant mon séjour au Cambodge que j’’aurais de l’eau quasiment tous les jours.

En fin de journée, Jessy, Delphine et Alessandro, les jeunes suisses me proposent une partie de rami avec eux. C’est dingue, c’est le seul jeu de carte que je connaisse !  J’accepte avec plaisir et nous passons un bon moment en sirotant nos bières en attendant le dîner.

Hier soir, JP nous a dit que la mamie qui officie en cuisine était disposée à nous préparer aujourd’hui une spécialité délicieuse : du amok de poisson dont la préparation est très très longue. Il s’agit de poisson préparé en boulette, mariné dans du lait de coco, avec des herbes et des épices, puis cuit longuement à l’étouffée au bain-marie dans une noix de coco verte.

IMG_7158Le poisson a été fraîchement pêché par Sok, son gendre. En tout cas c’est succulent. Le poisson ainsi cuit est ferme – ça me rappelle un peu la lotte, la sauce est délicieuse.

Jeudi 11 mai :

Ce matin il fait beau et sec. Je pars donc en vélo pour « la presqu’île » dont m’avait parlé Fred. En fait la Ela guestouse est située sur une rivière affluent de celle de Kampot, et entre les deux, un bout de terre. On y accède par un petit pont. Je traverse des petits hameaux de maisons de pêcheurs sur pilotis.

Avec mon vélo je slalome entre les flaques d’eau et de boue sur la piste de terre.

Bientôt, les maisons sont de plus en plus espacées, et de chaque côté de la piste, il y a des étangs. Des buffles d’eau paissent, et certains sont aussi couchés dans l’eau. Ils sont impressionnants mais semblent bien paisibles.

Puis le paysage change encore et ce sont des marais salants qui remplacent les champs et les étangs. La piste est bordée de cabanes qui servent aux travailleurs du sel. J’ai eu la chance d’assister à la récolte du sel la semaine dernière, parce qu’ici la saison est terminée, surtout avec la pluie qui est tombée ces derniers jours.

Alors que je passe devant une maison, un vieil homme sur le pas de sa porte me lance un « bonjour ! », je lui réponds en lui faisant un signe tout en continuant mon chemin. Juste un peu plus loin, alors que je m’arrête pour prendre quelques photos, je le vois arriver vers moi en claudiquant. Il parle « petit français » et me demande de venir prendre un café ou une bière avec lui. Je lui dis que je souhaite aller jusqu’au bout du chemin mais que je m’arrêterai avec plaisir au retour.

Ce que je fais donc après être allée aussi loin que le chemin me le permet, avant qu’il ne soit plus qu’un gigantesque bourbier. Il me fait rentrer mon vélo dans sa cour. Me demande de le suivre, me montre la maison de son frère, me présente sa famille, et nous arrivons à une échoppe comme il y en a partout (mais vraiment partout, tous les 30 ou 40 mètres, dès qu’il y a des habitations quelque part en fait). Un poste de télévision est allumé et une demi-douzaine de jeunes sont captivés par le film de guerre chinois diffusé.

IMG_4560Le vieil homme m’explique que c’est sa nièce qui tient ce « magasin-restaurant-bar ». Il me demande ce que je veux boire. J’opte pour un coca bien frais, je suis en nage, et lui prend une bière. Nous discutons agréablement, il parle plutôt bien français et m’explique que tous les gens de son âge ont appris le français à l’école. Je lui dis qu’il ne doit pas avoir souvent l’occasion de pratiquer, il me répond que oui, à chaque fois qu’il y a des touristes qui passent….

 Il a 70 ans, 2 de ses 6 enfants sont morts pendant le régime Khmers rouges, et lui a réussi à partir au Vietnam  tout proche à la fin de ces années noires. Après cette discussion, je demande combien je dois pour mon coca. Il me répond 6000 riels pour le tout, avec sa bière donc… Le malin ! Puis il me demande si je fume. Je réponds que non. Il me répond alors que lui oui, et que je peux lui donner de l’argent pour des cigarettes. Je trouve ça comique finalement, ce papi, au milieu de nulle part, qui intercepte les touristes et qui, mine de rien, se fait payer des bières et des cigarettes…

IMG_7154Je reprends le chemin du retour après cette rencontre. A l’aller je suis passée devant une pagode, je décide de m’y arrêter. Je ne suis pas déçue.

L’endroit, en bordure de rivière est superbe.

Je suis sur la rive opposée la guesthouse en fait. Je poursuis le chemin sur quelques dizaines de mètres avant de faire demi-tour pour rentrer. C’est alors que sur ma droite, je vois un grand bâtiment, en retrait, sur lequel une enseigne indique que c’est une coopérative de poivre. J’entre dans la cour. Là, du poivre est mis à sécher sur des bâches.

IMG_4576Une jeune fille s’approche et je lui demande s’il est possible d’entrer à l’intérieur. Elle me dit que oui et, d’office, prend mon vélo pour aller le garer à l’abri du soleil.

En fait, à l’intérieur, il y a un show-room où sont exposés les différents types de poivre. Une femme est installée par terre et trie du poivre pour le mettre en sachet. Il y en a en vente aussi.

IMG_4579Les prix sont même légèrement inférieurs à ceux de la Plantation où je suis allée. J’en rachète un peu, ayant réfléchi à qui j’aimerais en ramener. Je paye. Et là, la jeune fille qui m’a accueillie revient d’une pièce attenante avec 2 sachets de sel de Kampot qu’elle m’offre. Et la femme qui fait les sachets de poivre blanc, m’en remplit un copieusement, qu’elle met directement dans mon sac à dos. Je les remercie chaleureusement et elles semblent aussi contentes que moi. Je repars ravie de cette halte imprévue.

L’après-midi, la pluie battante s’invite à nouveau. Les suisses sont partis et sont remplacés par une malaisienne. Très joviale, bavarde, et curieuse, elle entame d’emblée la conversation. Du coup je passe une bonne partie de l’après-midi avec elle.

Le soir, nous fêtons l’anniversaire de JP. Il nous avait prévenus que ça serait la fête et qu’il avait fait le plein de bières, offertes pour l’occasion. Sok a même acheté un gâteau d’anniversaire. Bougies, cierges magiques, bataille de crème, photos, chanson, tout y est. Nous sommes une petite dizaine : Sok et ??? (j’ai oublié son nom, un autre khmer), Erwan, un autre français expat qui tient un bar-restaurant à Kampot et que j’ai déjà rencontré plusieurs fois, Tatyana la malaisienne, et bien sur Isa et JP. Les canettes de bières défilent et, à la mode kmère, nous trinquons à chaque gorgée. Je n’aurais jamais autant trinqué en une seule soirée. Je ne veux même pas savoir combien de fois j’ai dit « Twoulemoÿ » ce soir. A plusieurs reprises, j’envisage d’aller me coucher, mais je suis aussitôt rattrapée par JP et Erwan qui me font remarquer que c’est ma dernière soirée et que demain je n’aurais rien d’autre à faire qu’à dormir dans le bus qui doit me conduire au Vietnam. Il en faut peu pour me convaincre.  Il est finalement plus de 3h quand je vais me coucher après avoir refait le monde.

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Un commentaire sur « Jour 91 à 94 : Bonheur total (ou presque) »

  1. Tu me fais littéralement rêver….quelles fabuleuses rencontres…et quels paysages !!! Et j’admire ce trip en solo…d’autant que je devais m’en faire un en mars dernier (Japon) mais j’ai tout annulé au dernier moment, trouille de voyager seule. Pourtant je connais le pays…bref j’y arriverai ! En attendant je voyage avec grand plaisir avec toi…merci et très belke continuation, hâte de te lire !

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